L’économie mondiale reste atone et les fragilités commerciales risquent de freiner la croissance économique. Le diagnostic de l’OCDE est sans appel !
Il y a un an, l’OCDE avait alerté sur le fait que les incertitudes entourant les échanges mondiaux et l’action publique pouvaient être très préjudiciables à l’économie mondiale et contribuer à creuser un peu plus encore la fracture entre les citoyens. Nous sommes en 2019, la dynamique économique mondiale s’est considérablement essoufflée et la croissance devrait rester en berne, sur fond de persistance des tensions commerciales.
Dans un rapport publié le 21 mai, l’OCDE attire l’attention sur les échanges et l’investissement qui ont fortement ralenti, en particulier en Europe et en Asie. « La confiance des entreprises et des consommateurs s’est émoussée et la production manufacturière s’est contractée. Face à cette situation, les conditions financières se sont assouplies du fait que les banques centrales se sont orientées vers des politiques monétaires plus accommodantes, tandis que la politique budgétaire exerçait un effet de relance dans un petit nombre de pays », explique-t-on dans le même rapport.
Il ressort même que l’économie mondiale demeure largement dépendante d’un soutien continu des politiques publiques. Dix ans après la crise financière, sur fond d’inflation modérée, les bilans des banques centrales continuent de s’établir à des niveaux jamais atteints, les taux d’intérêt, à court et à long terme, sont historiquement bas, et la dette publique, sauf dans quelques cas, a beaucoup augmenté. À de rares exceptions près, les économies de marché émergentes ont conservé des volants de réserves importants.
Haro sur les tensions commerciales !
La faiblesse du chômage et une légère remontée des salaires dans les grandes économies continuent de soutenir les revenus et la consommation des ménages. Dans l’ensemble cependant, les tensions commerciales sont lourdes de conséquences et la croissance mondiale devrait reculer pour s’établir à seulement 3.2 % cette année, avant de se réorienter à la hausse pour atteindre 3.4 % en 2020, soit un chiffre nettement inférieur aux taux de croissance observés ces trente dernières années, ou même en 2017‑18.
D’après les rédacteurs du présent rapport, l’horizon demeure sombre et de nombreux risques jettent une ombre menaçante sur la croissance de l’économie mondiale et le bien-être des citoyens.
À l’avenir, les tensions commerciales auront un impact négatif sur les perspectives, non seulement à court terme, mais également à moyen terme, et nécessiteront une action urgente des pouvoirs publics pour redonner du souffle à la croissance.
Pour des mesures de relance budgétaire
Dans les pays où la demande est en berne, comme dans ceux de la zone euro par exemple, les pouvoirs publics devraient non pas s’en remettre encore et toujours à la politique monétaire, mais profiter de la faiblesse des taux pour accompagner les réformes structurelles par des mesures de relance budgétaire dans les pays dont la dette publique est relativement modeste. Une action combinée de ce type peut remédier à l’atonie de la croissance, accroître sa résilience et doper l’activité à long terme, de manière durable et bénéfique à tous. Les priorités devraient être l’investissement dans les infrastructures, en particulier numériques, les transports et les énergies vertes, l’amélioration des compétences et, plus généralement, la mise en œuvre de politiques en faveur de l’égalité des chances.
Dans le chapitre spécial de cette édition des Perspectives économiques, sont analysés les changements induits par cette transformation numérique et les mesures devant être prises pour que celle‑ci se traduise par une croissance plus forte et plus inclusive. Les technologies numériques influent sur la manière dont les entreprises produisent des biens et des services, innovent et interagissent avec d’autres entreprises et avec leurs salariés, les consommateurs et l’administration. Ces technologies offrent un vaste potentiel d’amélioration de la productivité dans les entreprises et, in fine, des niveaux de vie, mais ces gains sont, jusqu’à maintenant, décevants. (Avec OCDE)