Les conjoncturistes scrutent le plan de relance et avec un recadrage des hypothèses et l’intégration d’informations récentes, ils ajustent encore vers le bas portant le fléchissement du PIB à environ -6,6%.
Le retour à un confinement total ou partiel n’est pas exclu et se profile à l’horizon un peu partout dans l’horizon. Les couvre-feux qui se généralisent partout dans le monde, les restrictions d’horaires appliquées à certaines activités seraient en train d’exacerber la récession mondiale même si les indicateurs et les anticipations enregistrées à fin septembre indiquent que cette dépression serait moins grave que prévue avec une décroissance de -3,5% contre -5% estimés initialement.
La sortie de crise serait lente et douloureuse et le rebond exceptionnel en forme V tant attendu risque de ne pas avoir lieu. En cause, les mesures prises face aux risques sanitaires ont créé des attitudes précautionneuses et des comportements psychologiques d’auto-confinement aussi bien au niveau des entreprises que chez les ménages en tant que principaux moteurs de la demande. Les répercussions pourraient même affecter la croissance économique des années 2021 et 2022.
La sinistrose économique gagne du terrain
Les conjoncturistes se sont penchés sur les effets de la crise au plan mondial sur l’économie marocaine. D’après eux, les inquiétudes augmentent avec l’escalade du nombre quotidien d’infections à la Covid 19 qui a dépassé et de loin les 4.000 cas et du nombre journalier de décès qui a dépassé la soixantaine. Le constat est alarmant : la sinistrose économique gagne du terrain face à un gouvernement qui s’active avec plus ou moins de réussite pour amortir le choc de la crise et faire redémarrer les moteurs foncièrement grippés d’un nombre impressionnant d’activités. « Les comptes trimestriels comme indicateurs de synthèse de la conjoncture affichent une tendance baissière de l’activité avec -15% et -8,7% respectivement pour les deuxième et troisième trimestres, comme ils présagent un fléchissement moins accentué de l’ordre de 5,5% pour le quatrième trimestre 2020 », rappellent à juste titre les conjoncturistes. L’indice de confiance des ménages qui mesure, entre autres variables, le ressenti des ménages Et d’enchaîner : « L’indice de confiance des ménages qui mesure, entre autres variables, le ressenti des ménages en matière de dégradation de niveau de vie et de chômage est à son plus bas niveau depuis 2008 année de sa confection ».
La prévision ajustée vers le bas
De tels indicateurs réconfortent le Centre dans le sens de ses premiers pronostics établis au mois de juin et accréditent la sinistre contreperformance anticipée de l’ordre de – 6,2% de croissance pour l’exercice en cours. « Avec un recadrage des hypothèses et l’intégration d’informations récentes, cette prévision vient d’être ajustée encore vers le bas portant le fléchissement du PIB à environ -6,6% », tiennent-ils à confirmer.
A l’instar des autres pays, le Maroc a mis en place un plan de relance pour contrer les effets dévastateurs de la crise sanitaire. La situation telle qu’elle se présente interpelle les responsables politiques et les opérateurs économiques et réclame des actions concrètes sans délais non seulement pour corriger les déviations négatives provoquées par la Covid mais pour engager une véritable relance susceptible de mettre l’économie sur les rails de la relance.
Les analystes espéraient que la Loi de Finances rectificative éviterait à l’économie marocaine de sombrer dans la léthargie. Les conjoncturistes regrettent que la loi de Finance rectificative soit venue avec une configuration financière foncièrement timide allant dans le sens de la préservation des équilibres du budget de l’Etat.
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Aujourd’hui, un plan de relance est mis en place. Ses grandes orientations, ses priorités et ses instruments de gestion sont clairement définis et tracés et couvrent les défis et challenges économiques et sociaux que notre pays doit relever dans l’immédiat et à terme.
L’enveloppe globale dédiée à la relance de l’économie et de l’emploi s’élève à 120 milliards de dirhams pour contrecarrer le choc économique profond provoqué par la crise aussi bien sur l’offre que sur la demande. Cette enveloppe comprend deux composantes : la première d’un montant de 75 milliards servira, sous forme de crédits garantis par l’État, à assouplir les conditions de financement des entreprises affectées par la crise et à soulager leur trésorerie; la seconde composante de 45 milliards soit l’équivalent d’environ 60% du budget d’équipement de l’État est destinée à financer des projets dans des secteurs comme l’agriculture et le tourisme ou dans des domaines prioritaires comme les petites et moyennes entreprises ou encore les infrastructures de base. Cette deuxième partie de l’enveloppe sera affectée à un fonds autonome : « le fonds Mohammed VI pour l’investissement » dans le but d’assurer une gestion efficiente et transparente.
Ils restent tout de même convaincus que la dépense publique telle que tracée dans le PLF 2021 demeure en deçà des attentes économiques et sociales et serait dans l’incapacité de contribuer concomitamment avec le plan de relance au contrechoc recherché qui extirperait l’économie nationale de cette spirale dépressive.
Ils étayent leurs propos par des indicateurs en baisse vertigineuse notamment les recettes fiscales. Ces dernières conjuguées sont malheureusement à une hausse de la dette publique (75% du PIB) et une détérioration du déficit budgétaire (soit 7,5% du PIB). Tout cela ne justifie pas une politique d’austérité.
L’austérité, en période de vaches maigres, n’a jamais réduit ni la dette ni le déficit de l’avis avéré du Fonds monétaire international lui-même. Ainsi, seule une politique de croissance appropriée pourrait atténuer ces problèmes et faire sortir l’économie de cette impasse. Pour le volet financement, des marges de manœuvre restent encore à exploiter et des interventions innovantes et plus accommodantes sont possibles et même recommandées pour venir en appui à la relance économique tant qu’elles seraient sans effet prononcé sur l’évolution des taux d’intérêt ni d’impact excessif sur le relèvement des prix.
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