« … Nous invitons le gouvernement à commencer la préparation d’une nouvelle génération de grands plans sectoriels, cohérents et harmonieux, susceptibles de servir de pilier au modèle de développement dans sa nouvelle version ». Telle fut l’orientation royale contenue dans le discours du Trône du 29 juillet 2019.
À l’aune du changement ou de la réforme du modèle de développement, l’exécutif et les organes du public sont appelés à un brainstorming pour innover en matière de mobilisation et de coordination de l’action aussi bien de l’Etat que des acteurs économiques pour accélérer la croissance du pays et réduire les disparités sociales au sein de la population marocaine. Le discours évoque une nouvelle étape, une nouvelle génération de projets et du sang neuf.
Le Maroc est engagé dans au moins neuf stratégies sectorielles importantes à ce jour.
D’emblée, le Roi avait chargé Aziz Akhannouch, qui pilote le Plan Maroc Vert, en octobre 2018, d’élaborer une nouvelle stratégie agricole avec pour objectif de créer dans le monde rural de nouvelles activités génératrices d’emplois et de revenus, particulièrement en faveur des jeunes.
La nouvelle stratégie doit veiller à élargir le champ de l’investissement agricole à toutes les catégories, tout en favorisant l’émergence d’une classe moyenne agricole et en rendant plus accessible le foncier agricole à l’investissement productif par la mise à disposition progressive au profit des ayants-droit, d’un million d’hectares supplémentaires de terres collectives.
Animé par l’ambition de mettre en place une stratégie efficiente et concertée, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rurale et des Eaux et Forêts, a déjà entamé une série de rencontres dont celle de Skhirate en décembre dernier. La réflexion va également bon train au sein des différents organes sous la tutelle dudit ministère pour présenter dans les meilleurs délais la nouvelle stratégie une fois le PMV arrivé à son terme en 2020. Une lourde responsabilité vu que l’agriculture demeure le principal levier économique du pays.
Autre programme et non des moindres, et qui arrive également à échéance en 2020, le Plan d’Accélération Industrielle (PAI) qui depuis 2014 a permis d’organiser l’industrie autour d’écosystèmes et qui dépassera ses objectifs en termes de création d’emplois, de relèvement du taux d’intégration…
Autre secteur d’une importance cruciale pour le Royaume est celui du Tourisme. Le grand flop de la Vision 2020 doit inciter à plus de prudence et surtout à un diagnostic de ce secteur jadis locomotive économique du pays et grand pourvoyeur d’investissements et de devises.
La politique du pays dans ce secteur a atteint ses limites et n’a pas pu hisser le Maroc parmi les destinations les plus prisées dans le monde.
Inutile même d’aller jusqu’au bout de cette vision 2020. Dans ce sens le rapport de la Cour des comptes en 2017 établit un diagnostic sans appel des politiques menées dans ce secteur.
Mieux vaut s’atteler dès à présent à une stratégie qui soit plus réaliste et surtout innovante pour redémarrer la machine touristique et recréer une dynamique qui entraînera tous les opérateurs vers des objectifs concrets et surtout y mettre les moyens nécessaires, pas forcément financiers.
D’autres stratégies sont inscrites dans le long terme comme la stratégie portuaire et la stratégie énergétique à horizon 2030. Sur plus d’une décennie de leur exécution ces stratégies devront s’adapter continuellement à un environnement mutant et surtout converger vers la nouvelle version du modèle de développement du Maroc.
Pour l’artisanat et le commerce, un important effort est à faire puisque ces deux stratégies concernent une large frange de la population, la première héritière de l’histoire et le savoir-faire ancestral marocain et la deuxième impliquant l’animation de la cité.
Le plus important est que tous ces plans soient élaborés de sorte à inciter l’investissement aussi bien marocain qu’étranger, créent des emplois pérennes et dignes, permettent une répartition équitable des richesses et surtout libèrent les potentialités des compétences marocaines.
L’Exécutif est face à un examen difficile dans la conjoncture actuelle. Il doit bien cogiter pour porter cette dynamique souhaitée par le Roi et espérée par les Marocains.
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