Ecrit par S.Es-siari I
Les mesures de soutien pour sauver le tissu économique (PME-PMI) de la crise sanitaire ont pu maintenir des entreprises en vie mais la relance tant escomptée n’est pas encore au rendez-vous. Les derniers indicateurs publiés attestent que les programmes de soutien à l’activité engagés dans l’urgence peinent à produire les résultats attendus.
La crise sanitaire a mis à rude épreuve la quasi-totalité des secteurs. Si quelques-uns ont pu tirer leur épingle du jeu, d’autres par contre se sont détériorés à telle enseigne que le prix social soit très fort.
Pour juguler les effets de la crise sanitaire sur certains pans de l’économie, l’Etat a joué au sapeur-pompier en déployant une batterie de mesures. Plus d’une année après le déclenchement de la pandémie et après de multiples efforts pour en atténuer les effets tant au plan économique que social, il est temps de faire le bilan en se basant sur les indicateurs publiés aujourd’hui par les différentes institutions ( HCP, BAM…)
De prime abord, force est de constater que les dernières estimations relatives au premier trimestre de l’année situent la hausse de la valeur ajoutée globale à peine à 0,7% par rapport au trimestre précédent. De l’avis des conjoncturistes : « Ce résultat qui intervient après une forte contraction de l’activité au cours des trois trimestres précédents est encore loin d’assurer un rattrapage même partiel de la perte de croissance enregistrée depuis le déclenchement de la crise sanitaire ».
Il représente une inflexion tout à fait normale par rapport à l’évolution constatée au cours des douze derniers mois. Une telle tendance semble se confirmer avec le redressement du taux de croissance global pouvant atteindre 14,7% sous l’effet principalement de la bonne performance attendue de la bonne compagne agricole. Cette progression ne pourrait, à leur avis, suffire à compenser les pertes engendrées au cours de l’exercice écoulé.
Autres indicateurs attestent du manque de vigueur de la relance tels que la demande intérieure aussi bien de la consommation que de l’investissement. Les derniers chiffres parlent d’une hausse de la consommation des ménages d’à peine 0,8% dans un contexte de quasi-stabilité des prix. La dépense d’investissement quant à elle a observé une baisse de 1,9% durant la même période. Aussi, sur le marché de l’emploi, le déséquilibre structurel n’a cessé de s’amplifier et d’une façon très inquiétante.
Au terme de l’année 2020, on compte désormais une population additionnelle de travailleurs sans emploi de plus de 300 milliers de personnes pour un taux de chômage global atteignant 11,9 %, en hausse de 2,7 points par rapport à l’année précédente. « Cette situation témoigne d’une fragilité accrue du tissu entrepreneurial depuis plus d’une année avec la persistance de la pandémie », rappellent les analystes du CMC.
Cette fragilité du tissu économique se reflète par ailleurs dans un autre indicateur notamment celui de la démographie des entreprises.
Selon les données se rapportant à l’année écoulée, le nombre de créations d’entreprises rapportées aux défaillances se serait réduit à une moyenne de quatre unités contre plus d’une dizaine au début de la décennie. Il est même constaté que les statistiques sur les faillites d’entreprises sont en hausse de 15 % au premier trimestre de l’année par comparaison à la même période en 2020.
Tous ces indicateurs et bien d’autres attestent que les mesures déployées ont pu certes maintenir sous perfusion des entreprises très malmenées par la crise mais sans pour autant garantir la relance escomptée. Les financements ont servi plus à couvrir les charges d’exploitation que d’investir et partant assurer la relance.
PME-PMI dans l’expectative
Aujourd’hui, les opérateurs sortis indemnes de la crise retiennent leur souffle et attendent au-delà des mesures prises dans l’urgence, le pacte de relance et d’emploi de 120 Mds de DH. Ce plan qualifié d’ambitieux représentant 13% du PIB (contre seulement 1,7% pour l’Egypte, 2,3% pour la Tunisie, 2,2% pour la Jordanie, 1,1% pour le Mexique et 7% pour l’Inde) s’avère prometteur. Ce dernier devrait parvenir à améliorer la transformation structurelle de notre économie qui reste très insuffisante.
Comme expliqué par Ahmed Zhani, Economiste en Chef de CDG Capital, le recours au stimulus monétaire comme principal levier dans ce pacte de relance est judicieux pour différentes raisons : des faibles marges budgétaires, l’absence de risques inflationnistes à court et moyen termes… L’impact serait important pour le maintien du tissu économique actuel, la relance économique et la création de l’emploi.
Mais cela n’empêche qu’il existe certains risques à surveiller, en l’occurrence le développement du secteur informel et la hausse de la circulation fiduciaire, le creusement du déficit commercial et son impact sur les avoirs en devises et la montée des créances en souffrance et son impact sur les bilans des banques.