Ce mercredi 5 mai marque le lancement de la politique nationale de l’environnement des affaires 2021-2025 par le CNEA. Une stratégie déjà attendue fin 2020 pour améliorer le climat des affaires au Maroc. Mais est-ce suffisant pour amorcer la relance et faire du Maroc un hub d’investissement? La réponse avec le président de la CGEM.
Créé en 2010 dans l’optique d’améliorer le climat des affaires au Maroc, le comité national de l’environnement des affaires a tenu ce mercredi 5 mai sa 12e réunion avec ses partenaires et présidée par le chef de gouvernement au cours de laquelle il a décliné les grandes lignes de la stratégie 2021-2025.
Une stratégie qui intervient dans un contexte marqué par les effets sans précédents de la pandémie sur l’économie aussi bien nationale que mondiale. Mais également à un moment où le Maroc a amorcé son plan de relance pour redresser l’économie après une année 2020 dès plus dures.
Comment cette stratégie sera-t-elle bénéfique pour la relance et suffit-elle a déminé le terrain de l’investissement au Maroc ? Peut-elle renforcer la confiance des entrepreneurs ?
La CGEM, à côté de la tutelle, de BAM, du GPBM et de la Fédération des Chambres d’Industrie, de Commerce et des services a été partie prenante dans la démarche participative et collaborative adoptée par le CNEA pour la conception de cette stratégie.
« Depuis sa création en 2010, le CNEA a pu réaliser plusieurs avancées. Toutefois, il nous faut redoubler d’effort et adopter un rythme plus soutenu, afin de positionner notre pays comme un hub d’investissement de référence, régional, continental et international. Pour ce faire, il faut agir rapidement sur un certain nombre de défis fondamentaux », explique Chakib Alj, le président de la CGEM lors de la réunion du CNEA ce 5 mai.
Pour le patron des patrons cela passe tout d’abord, par l’amélioration des coûts des facteurs de production, le foncier et l’énergie en particulier, qui constituent des contraintes pour l’investisseur. « Nous estimons que la mise en place de plateformes de location à proximité des pôles économiques constitue une véritable solution pour remédier au coût élevé du foncier, tout comme l’équipement de zones industrielles et logistiques spécialisées », soutient Chakib Alj.
Pour ce qui est de l’énergie, le patron de la CGEM estime qu’il est important d’accélérer l’adoption de la Loi sur l’autoproduction, mais également de prioriser l’investissement privé dans le secteur de l’énergie verte. Et ce, en adressant l’aspect fiscalité verte et en proposant des financements dédiés. Un autre facteur de production sur lequel il nous faut agir est le capital humain.
Si le patron de la CGEM se félicite de la mise en œuvre progressive et soutenue de la loi cadre relative à l’éducation et à la formation, il a formulé le souhait de l’intégration de la loi sur la formation continue dans le corps du projet de loi sur la formation professionnelle, en apportant à ce dernier les ajustements nécessaires pour faciliter, au plus grand nombre d’entreprises, l’accès à la formation continue.
Autre chantier prioritaire selon la CGEM, l’assouplissement de la législation du travail qui a besoin d’être adapté aux réalités du marché, notamment en établissant une flexibilité responsable afin d’encourager les entreprises à créer de l’emploi de qualité. Il est aussi important d’introduire dans les circuits d’approbation le projet de loi concernant l’application du droit de grève.
« En termes de financement, nerf de guerre pour l’entreprise, il faut innover en favorisant la mise en place de nouveaux leviers comme les dettes mezzanines, les fonds de soutien ou encore des prises de participation, à travers le marché des capitaux, et en accélérant la mise en place des circulaires d’application de la loi relative au crowdfunding », poursuit Chakib Alj.
Sur un autre registre, la commande publique doit jouer son rôle de levier stratégique de développement économique et social. Pour cela, il faudra renforcer la visibilité sur les marchés publics et avoir une démarche plus inclusive des TPME, notamment en région, et qui favorise la préférence nationale. Cette dernière doit concerner tous les Établissements et Entreprises Publics (EEP) et doit être généralisée à tous les marchés, que ce soit en matière de fournitures, de travaux, que de services. Pour se développer une entreprise doit aussi investir dans l’innovation et la technologie qui restent encore très coûteuses au Maroc, soutient le Pdt de la CGEM.
Et d’ajouter : « La CGEM a toujours recommandé la mise en place d’un cadre juridique et fiscal incitatif et l’amélioration des mécanismes d’aide au financement de l’innovation, qui sont très faibles ».
Sur le sujet de l’e-gov, Chakib Alj a salué ce qui a été entrepris récemment par plusieurs administrations comme la Direction Générale des Impôts. Ce travail doit être dupliqué afin d’assurer in fine l’interopérabilité entre les différentes administrations, offrant ainsi à l’entrepreneur une meilleure expérience en termes de services publics.
De même, la dématérialisation des tribunaux ne peut que rendre l’acte d’entreprendre plus simple et plus serein.
« Enfin, sur le grand sujet de l’intégration du petit et du grand informel, il est aujourd’hui essentiel d’avoir une politique claire et assumée qui sera portée et par le public et par le privé. Comme nous l’avons déjà exprimé, la CGEM est prête à mettre en place une task force dédiée », insiste Chakib Alj.
Il soutient que maintenant que les priorités sont définies, il faudra accélérer la cadence de mise en œuvre, pour mettre en valeur les innombrables acquis qui rendent le Maroc très attractif en matière d’investissements.
« Ces acquis doivent être consolidés rapidement par des réformes. La relance post-Covid sera une course contre la montre et notre pays ne doit pas manquer ce tournant pour se positionner dans les chaînes de valeurs mondiales qui sont en train d’être redéfinies », alerte le Président de la CGEM.
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