Finances publiques et justice sociale telle est la thématique du Colloque international initié par le ministère de l’Economie et des Finances du Maroc avec le soutien de Fondafip (Association pour la Fondation Internationale de Finances Publiques) et qui se tiendra le 21 et 22 septembre prochain à Rabat.
Seront présents à ce rendez-vous annuel, des personnalités célèbres dans le monde de l’économie, des finances et de la politique pour ne citer que Jean-Marie Bertrand, Président de chambre honoraire de la Cour des comptes, Michel Bouvier, président de Fondafip, Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume…
Le choix du thème n’est donc pas fortuit, mais résulte d’un constat inquiétant pour ne pas dire alarmant, celui de l’injustice sociale. Cette thématique s’inscrit d’ailleurs en droite ligne avec le dernier Discours du Roi Mohammed VI où il a appelé de tous ses vœux à une approche participative en matière d’inclusion sociale.
Dans un pays comme le Maroc, force est de constater que l’obsession de la maîtrise des équilibres macroéconomiques reste malheureusement sans impact sur les indicateurs sociaux. Or, à notre sens, cette obsession ne peut être justifiée que lorsqu’elle présente des effets positifs sur le bien-être de tous, sur le vivre en bonne santé… bref lorsqu’elle permet une vie décente aux citoyens marocains sans exception. Or, nous sommes encore très loin de ce « privilège » ! D’aucuns parlent d’un modèle économique à bout de souffle au moment où d’autres plus sceptiques considèrent que le Maroc ne dispose même pas d’un modèle de développement économique. Chacun y va de sa propre analyse et propose des pistes de réflexion.
Agrégats macroéconomiques vs indicateurs sociaux
Dans une de ses tribunes, l’économiste et professeur Hamid Bouchikhi annonce : « Les équilibres macro-économiques dont les responsables ont raison de se flatter ne semblent malheureusement pas favoriser le développement du pays. Dès lors, il est légitime de nous demander à quoi ils peuvent bien servir ». Autrement dit, l’équilibre actuel est en train d’étouffer la dynamique économique du pays, d’où l’urgence de trouver une formule qui combine entre l’amélioration des agrégats macroéconomiques et les indicateurs sociaux. Le professeur Bouchikhi donne l’exemple de certains pays qui ont prospéré dans le déséquilibre macroéconomique, en l’occurrence la Turquie, qui avec une monnaie en dévaluation sévère (260 % contre l’euro en 10 ans) et une inflation à deux chiffres, est devenue la 17ème puissance économique mondiale grâce à des taux de croissance qui font halluciner (11,1% en 2017) et connait un développement industriel remarquable. Un modèle économique que nous ne pouvons qu’envier mais surtout méditer.
Le Souverain zoome sur le social
Dans son récent discours à l’occasion de la fête du Trône, le Souverain a été on ne peut plus clair : « La question sociale retient toute Mon attention et M’interpelle vivement à la fois en tant que Roi et en tant qu’homme… L’ampleur du déficit social et les modalités de réalisations de la justice sociale et territoriale sont parmi les principales raisons qui Nous ont incité à appeler, dans le Discours d’ouverture du Parlement, au renouvellement du modèle de développement national ».
Le comble c’est qu’en analysant les différentes Lois de Finances, on remarque que le pays dispose de plusieurs programmes sociaux mais malheureusement, lesdits programmes empiètent les uns sur les autres ou plus précisément pèchent par manque de cohérence et ne parviennent pas à cibler les catégories effectivement éligibles.
Dans ce colloque des Finances publiques, les intervenants sont donc appelés à faire preuve de plus de pragmatisme, de mieux orienter les investissements vers des secteur prioritaires et surtout d’asseoir leurs interventions sur comment prévoir l’audit pour veiller à l’évaluation des projets sociaux, au sens stricto sensu, selon des indicateurs de performance et leur réalisation dans les délais.