La Banque mondiale a annoncé le lancement d’un nouveau programme doté de 500 millions de dollars, sous la forme d’un prêt-programme pour les résultats, en soutien aux autorités marocaines, qui entendent élargir l’accès à l’éducation préscolaire de qualité, renforcer de manière significative les aptitudes et les compétences des enseignants et renforcer la gouvernance du secteur. S’appuyant sur la Vision 2015-30 pour l’éducation du gouvernement, le nouveau Programme d’appui au secteur de l’éducation au Maroc interviendra sur les principaux axes de ce plan d’action pour permettre la transformation du secteur et renforcer le capital humain des enfants du Royaume, annonce la banque.
« En moins de 20 ans, et c’est une réalisation remarquable des OMD, le Maroc a généralisé l’accès à l’éducation pour les filles comme pour les garçons. Mais en termes d’acquis scolaires, le pays peine à décoller, souligne Marie Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb. Et d’ajouter que « Ce nouveau programme renforcera l’efficacité du secteur éducatif en améliorant l’accès à une éducation préprimaire de qualité pour tous, en investissant dans une formation de qualité pour les enseignants et en prônant une approche locale des défis liés à la qualité de l’éducation et à la direction des établissements scolaires. Cette stratégie, inspirée des meilleures pratiques, instillera un changement de paradigme dans le secteur afin de conduire sa transformation et de construire le capital humain de demain».
Malgré l’accès primaire universel, en 2017, 50 % seulement des enfants âgés de 4 et 5 ans fréquentaient des structures préprimaires, constate-t-on. Indispensable pour préparer les enfants à apprendre, l’accès à une éducation préscolaire de qualité est au cœur du nouveau programme. Grâce à des interventions ciblées, il s’agit d’installer des conditions propices à une offre d’éducation de la petite enfance de qualité, conformément à la volonté des autorités d’universaliser l’éducation préprimaire à l’horizon 2027. Le programme soutiendra par ailleurs un ambitieux programme de réforme axé sur la formation et l’accompagnement des enseignants tout au long de leur carrière, dans le but de renforcer la profession et, ce faisant, d’améliorer les acquis scolaires.
L’amélioration de la performance et de l’efficacité du système d’éducation dans le but d’obtenir de meilleurs résultats de l’apprentissage passe par une transformation en profondeur de sa gouvernance. S’appuyant la vision stratégique du ministère de l’Éducation, le programme renforcera les capacités de gestion du secteur et la responsabilité de tous les acteurs de la chaîne éducative. Il préconisera pour cela une plus grande concentration sur les résultats à travers la mise en œuvre de contrats d’objectifs par les directions régionales et provinciales rattachées au ministère, dont les académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF). Le programme soutiendra également des approches adaptatives et adaptées aux conditions locales pour améliorer la prestation au niveau de l’école en aidant les directeurs d’établissement à concevoir de manière inclusive leur plan d’amélioration, mais aussi à le mettre en œuvre. Parallèlement aux contrats d’objectifs, un volet de suivi-évaluation permettra de vérifier l’atteinte des différentes étapes identifiées.
Selon les responsables du projet, Fadila Caillaud, responsable du programme pour le développement humain et Anne-Lucie Lefebvre, spécialiste senior du secteur public, le programme actuel s’appuie sur la vision élaborée par les autorités marocaines pour poser les jalons de la “nouvelle école marocaine”, où les enfants sont prêts à apprendre, les enseignants sont mieux préparés à enseigner et le système dans son ensemble est plus efficace pour soutenir les processus d’enseignement et d’apprentissage. Le programme s’inscrit dans le cadre de la régionalisation engagée pour donner davantage d’autonomie et de moyens aux prestataires du secteur de l’éducation, y compris les AREF, les directions provinciales et les écoles, et réussir ainsi à améliorer de manière significative les résultats d’apprentissage de tous les enfants marocains.
Le programme, qui s’inscrit dans la continuité de la vision stratégique du gouvernement, s’articule autour de trois composantes définies en fonction des principaux freins aux progrès du secteur. Le programme sera déployé sur une période de cinq ans, avec ajustement et redimensionnement des objectifs tous les ans, dans le but ultime de transformer la gouvernance du secteur de l’éducation. Un volet important de suivi-évaluation sera intégré dans chacune de ses trois grandes composantes afin de vérifier la progression, l’impact et les résultats obtenus.
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COMPOSANTE 1 :
Installer les conditions propices à une éducation préprimaire de qualité — Le programme vient étayer l’ambition du gouvernement de généraliser l’éducation des enfants âgés de 4 et 5 ans à l’horizon 2017, par la mise en place d’un cadre de promotion de la qualité de l’offre d’éducation préprimaire au Maroc. Il donnera aux éducateurs spécialisés dans la petite enfance toute la formation pédagogique requise, en introduisant des normes et des directives propices à l’obtention de résultats plus satisfaisants et en suscitant des investissements en lien avec l’éducation préprimaire à l’échelle régionale et provinciale.
COMPOSANTE 2 :
Améliorer la formation des enseignants — Conformément à la Vision 2015-30 du gouvernement qui vise à remettre à niveau les pratiques pédagogiques et didactiques, le programme soutiendra l’introduction d’un nouveau modèle de formation initiale et d’intégration pour les enseignants et la création d’une carrière professionnelle cohérente, solide et attrayante. Il contribuera à étoffer le vivier de nouveaux enseignants qualifiés en s’attachant aux faiblesses institutionnelles, y compris au niveau des académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF), et à renforcer le dispositif d’accompagnement professionnel des enseignants en activité. Le programme entend ainsi améliorer progressivement les pratiques didactiques pour faire en sorte que les techniques et les comportements des enseignants en classe contribuent à l’amélioration des résultats scolaires des élèves.
COMPOSANTE 3 :
Renforcer les capacités de gestion et la responsabilité au sein du secteur — Le programme soutiendra le renforcement des capacités de gestion au niveau des régions, des provinces et des établissements scolaires, dans le but de résoudre les problèmes opérationnels et éducatifs. Il soutiendra pour cela l’introduction par le ministère de contrats d’objectifs, qui aideront les entités régionales et provinciales à fixer des cibles de performance et améliorer les services rendus. Le programme consolidera également les capacités des professionnels du secteur à gérer les ressources humaines et financières ainsi que les directions d’établissements scolaires.