Après une réunion avec la tutelle, le secteur privé reporte la décision de ne plus prendre en charge les assurés AMO. Précisions.
L’Association nationale des cliniques privées (ANCP), l’Union syndicale nationale des médecins spécialistes, l’Association syndicale des médecins généralistes du secteur privé et l’Union nationale des médecins privés ont tenu une conférence de presse ce jeudi 7 mars 2019 pour annoncer une trêve sur une décision qui avait suscité l’indignation des assurés AMO. En effet, cette rencontre intervient en pleine polémique suite à l’annonce de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) de ne plus prendre en charge les assurés de l’AMO à partir d’avril.
Le secteur privé revient ainsi sur sa décision. Le président de l’ANCP, Redouane Semlali, a annoncé que les professionnels du secteur ont décidé de reporter cette décision suite à une rencontre avec le ministère de la Santé et le Directeur de l’ANAM. Une rencontre lors de laquelle la tutelle a promis d’accélérer le processus de révision des prix de référence et de l’annoncer dans les plus brefs délais.
Le président de l’ANCP a rappelé les raisons de cette décision liées au retard qu’accuse le processus de révision des tarifs de référence. Un retard non pas sans conséquence sur le citoyen, forcé de supporter 57% des frais de traitement. Un citoyen qui jette la responsabilité de cet écart au secteur privé. Ce qui n’est pas tout à fait faux. Il est clair que certaines cliniques privées, pour ne pas dire la plupart, profitent des failles du système de santé pour gonfler les factures, imposer le noir…
C’est pourquoi, la révision des tarifs de référence est importante certes mais il va également falloir mieux verrouiller le système pour protéger davantage le patient qui en l’absence d’un système de santé public efficient se voit obligé de s’orienter au privé.
Pour pallier à cet état de fait et pour plus de transparence, le président de l’ANCP a souligné que les cliniques privées appellent la tutelle à généraliser la couverture maladie à tous les Marocains. Mais au-delà, l’ANCP propose également de munir les patients d’une carte « Vitale » leur permettant de se soigner sans devoir payer aucun dirham comme c’est le cas aujourd’hui en France. L’objectif étant d’éliminer le cache du système de santé entre les patients et les établissements de soins via un système informatisé clair et transparent.
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L’ANCP cherche ainsi à améliorer la relation patient/clinique-privée et ainsi rétablir la confiance dans le système de santé. Toutefois, malgré cette accalmie, les professionnels du secteur privé comptent tout de même faire une grève nationale le 4 avril pour sensibiliser les autorités sur les dangers du système.
Moulay Saïd Afif, président du Collège syndical des médecins spécialistes privés a souligné, de sa part, que l’objectif de cette grève est d’inciter toutes les parties prenantes à contribuer à l’amélioration de la qualité du système sanitaire dans lequel le secteur privé joue un rôle important. Il a également mis l’accent sur les conventions collectives dont la signature traîne depuis 2006, imputant ce retard à la CNSS et la CNOPS.
Chose que la CNSS avait réfutée dans une déclaration à EcoActu.ma en précisant que « la CNSS a un a priori positif pour l’amélioration du tarif national de référence bloqué depuis 2006 sur quelques actes. Il y a des actes qui méritent d’être revus à la hausse tandis que d’autres actes doivent être revus à la baisse. La technologie médicale a tellement évolué que certains actes pourraient voir leur tarif baisser. Notre objectif est que le système soit efficace et attractif ».
Le blocage serait plutôt du côté de la CNOPS qui freine l’aboutissement de la révision des bases tarifaires à cause de sa situation financière (dépenses supérieures aux cotisations).