Ecrit par Imane Bouhrara |
Les 25 et 26 février, le PJD s’est donné en spectacle, d’abord avec la démission d’El Azami de la présidence du conseil national du parti et la démission de Ramid de son poste de ministre. Le parti au bord de l’implosion ou s’agit-il d’une simple mise en scène ?
Les démissions sont devenues un exercice auquel Saad Dine Otmani semble avoir pris ses aises. Ce n’est pas la première fois qu’un membre du gouvernement ou de son parti, le PJD, dépose sa démission de manière fracassante. Il y en a même qui sont des récidivistes.
Sauf que cette fois, il est face à deux démissions à une journée d’intervalle. La première est intervenue le 25 février. Dans un long courrier, Driss El Azami a explicité avec amertume les motivations de sa démission de la présidence du Conseil national et du secrétariat général du parti, arguant ne plus supporter ce qui se passe dans le parti et être dans l’incapacité de le changer.
La posture d’El Azami a été interprétée par certains comme un marquage de territoire entre les décisions de l’Exécutif, mené par le PJD, et la vie du parti, dans ce sens où certaines décisions sont jugées impopulaires et comme des concessions par les militants et les sympathisants du parti. Or, l’on ne peut pas être dans la majorité et dans l’opposition à la fois et dix ans aux commandes ça effrite la base populaire et électorale du parti.
D’autres estiment que cette démission de Driss El Azami est une fuite en avant pour ne pas assumer la responsabilité des décisions du parti et qui ne recueillent pas l’adhésion de la base électorale. Et cela va de mal en pis avec la loi sur la légalisation du cannabis.
Finalement, cette démission peut s’apparenter à un calcul politicard et une campagne avant l’heure auprès des bases populaires du parti, à l’approche des élections si Driss El Azami revient sur ses pas. Et c’est fort probable.
En effet, le secrétariat général du parti s’est réuni de manière exceptionnelle ce dimanche et il a été décidé de constituer une commission composée de quelques membres qui essayeront de dissuader El Azami de démissionner.
Sauf que dans ce paysage, il y a une ombre, celle de Benkirane qui continue de souffler le chaud et le froid dans le parti de la lampe. Tantôt, il calme les troupes, tantôt il souffre sur la braise. Et c’est son attitude vis-à-vis du projet de loi sur la légalisation du cannabis qui sera à fortiori déterminante dans la décision d’El Azami.
Le cas Ramid
Le 26 février au soir, la démission de Mostafa Ramid a « fuité » et dans laquelle le ministre en charge des Droits de l’homme et des Relations avec le Parlement, demande au chef de gouvernement de le relever de ses fonctions et de soumettre sa démission au Roi.
Le ministre n’est pas à son coup d’essai puisque ce n’est pas la première fois que le ministre brandit cette menace (à deux reprises sous l’ère Benkirane et à 3 reprises sous l’ère Otmani).
Cette fois-ci, la motivation d’une telle démarche émane, selon un média de la place, du fait que le ministre n’aurait pas été informé de la tenue d’un conseil de gouvernement le jour même pour la tenue d’une session extraordinaire du parlement. Pour un ministre en charge des relations avec le Parlement s’en est de trop.
Selon une source proche, la situation de tension est héritée depuis 2017 lorsque le portefeuille de la Justice est passé à gauche.
Depuis, l’atmosphère serait gâtée au sein de l’exécutif entre les composantes PJD. Dans cette dernière scène, le chef de gouvernement s’est déplacé au chevet du ministre qui a subi une intervention chirurgicale le 27 février et c’est au final l’appel du souverain au ministre qui va le dissuader de démissionner de son poste actuel.
Faut-il voir dans ces deux actualités, l’une en lien avec la vie interne du parti et l’autre relevant de la chose nationale, une redistribution des cartes au sein du parti de la lampe à la veille des élections ou de simples sautes d’humeur ?
Le fait est que nous sommes à un moment où le pays fait face à une pandémie sans précédent dont les conséquences économiques et sociales qui en découlent sont désastreuses et surtout où le Royaume livre une bataille sans faille pour son intégrité territoriale face à des hostilités à visage découvert de certains pays voisins.
A un moment où l’Etat est au four et au moulin pour réussir la relance économique et asseoir une véritable protection sociale à tous les citoyens, il y a mieux à faire que d’amuser la galerie et de gérer les égos.
Les joutes et les échauffourées, ce n’est pas ça qui atterrit dans l’assiette du citoyen chaque jour !