Ecrit par L. Boumahrou |
Le gouvernement vient de rejeter 3 projets de loi relatifs au transfert des actifs de la société « La Samir » à l’État marocain. Décryptage.
Le verdict est enfin tombé. Le gouvernement vient de dévoiler une partie de ses intentions concernant l’affaire La Samir. Après un silence assourdissant sur le sujet, nous en savons un peu plus sur la position du gouvernement concernant la renationalisation de la raffinerie.
C’est un niet de l’Etat sur une sortie de crise qui aurait pu à la fois garantir la sécurité énergétique du Maroc, sauver la raffinerie et rééquilibrer le marché.
C’est du moins la lecture que nous faisons du rejet catégorique du projet de loi relatif au transfert des actifs de la société « La Samir » à l’État marocain. Ce dernier a rendu son avis sur les projets déposés par l’USFP, la CDT et le PSS depuis plusieurs mois et tout récemment (5 février) l’Istiqlal auprès des instances législatives.
Dans un courrier adressé aux présidents des partis politiques, ce vendredi 5 février, Hakim Benchemass, président de la Chambre des conseillers a informé les membres de la décision du gouvernement qui a été décriée par ceux qui militent pour le sauvetage de La Samir.
« Le refus du gouvernement El Othmani de débattre à la Chambre des conseillers des deux propositions de loi sur le transfert des actifs de la Samir à l’Etat et sur la régulation des prix des hydrocarbures est un déni de démocratie et défi à l’esprit de la Constitution », a déploré l’économiste et vise-président du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole pour la renationalisation de la Samir, Mohammed Benmoussa.
En effet, avec ce refus, l’Etat ferme la porte à toute discussion ou débat autour d’une éventuelle renationalisation ou de régularisation des prix. Un acte anti-démocratique non justifié qui laisse en suspend plusieurs questions.
A quoi joue au juste le gouvernement ? Pourquoi évite-t-il de lancer le débat pour trouver une voie de sortie à une problématique qui traîne depuis plus de 5 ans ? Qui a la mainmise sur ce dossier ? Quid de la sécurité énergétique du pays ?
Autant de questions qui interpellent l’opinion publique ainsi que tous ceux qui militent pour la sauvegarde de la raffinerie. Une raffinerie qui d’après les responsables gouvernementaux auraient trop coûté à l’Etat et aux banques. Une raison qui ne semble pas convaincre les experts notamment eu égard aux défis en jeu.
Inutile de rappeler pour la nième fois que plus le temps passe, plus la valeur de La Samir chute, plus le coût de la réhabilitation des installations pour une mise en service augmente et plus le manque à gagner est important. Le Front avait précisé que la valeur de la raffinerie est passée d’entre 22 et 24 Mds de DH il y a trois ans, à moins de 20 Mds de DH à fin 2020.
En attendant le miracle qu’un investisseur étranger arrive un jour pour sauver la seule et unique raffinerie du Royaume, le gouvernement reste les bras croisés
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