Nouvelles normes environnementales, relocalisation, fermetures de sites, faiblesse de la demande… le secteur de l’automobile vit ses moments les plus difficiles. Le Maroc n’est pas à l’abri de cette tempête.
Après une très forte croissance au cours des dix dernières années, les exportations du secteur automobile, l’un des premiers secteurs à l’exportation, subissent un coup d’arrêt brutal au mois de mars.
La baisse des exportations du secteur automobile à fin mars 2020 résulte essentiellement du recul des ventes à la fois de la construction (5.994MDH au lieu de 9.414MDH une année auparavant, soit -36,3% ou -3.420MDH) et du câblage (6.147MDH au lieu de 8.516MDH à fin mars 2019, soit -27,8% ou -2.369MDH).
Toutefois, il sied de rappeler qu’au cours des dernières années, bien avant le Covid-19, une décélération des exportations automobile a été constatée. Les facteurs sont plus d’ordre international parce que ce sont toujours les investissements étrangers qui continuent à générer une croissance de la production. Le principal hic est que le secteur de l’automobile connait un durcissement des normes environnementales se traduisant par de nouvelles règles du jeu.
La question qui se pose d’emblée est quel avenir pour l’automobile dans le ralentissement mondial ?
Les mutations en Europe vont impacter considérablement le Maroc qui à son tour est appelé à un changement de paradigme. Avec la robotisation, la digitalisation et la production de véhicules électriques et autonomes et la 5G qui arrive, on assiste à une floraison de chantiers qui arrivent d’une manière simultanée. Or, comme il s’avère difficile de tout faire en même temps, des plans seront voués à l’arrêt. Toutes ces évolutions empreintes de contraintes, le Maroc les subit en continu et se reflètent sur sa production.
Ajoutons à ces contraintes les risques qui planent tels que la forte dépendance à l’Europe et paradoxalement le risque de voir l’Europe relocaliser certaines productions ou limiter certaines délocalisations à moyen terme. Le risque réside par ailleurs sur l’exportation de composants automobiles et faisceaux électriques.
Aujourd’hui, en France on parle d’une éventuelle fermeture de sites. Il est à ce titre annoncé que Renault possède douze sites industriels, mais quatre d’entre eux seraient menacés de fermeture en cette période de crise sanitaire. L’annonce n’est pas encore officielle. Il s’agit des usines de Caudan (Bretagne), de Dieppe (Normandie), de Flins-sur-Seine et de Choisy-le-Roi (Île-de-France). Pour beaucoup d’économistes, les déboires actuels viennent de décisions plus anciennes. L’essentiel des marchés sur lesquels avait misé le groupe aurait commencé à reculer fortement, impactant ainsi les résultats. Autre explication, le constructeur automobile est resté pendant des mois sans chef bien défini, après l’éviction de Carlos Ghosn.
Ces fermetures sont évidemment une provocation inacceptable pour le gouvernement. Pourtant, il y a fort à parier, selon les économistes, qu’en dépit des viriles protestations des ministres, ces sites finiront par fermer. Parce que la crise de l’automobile est tellement profonde, on parle de 30 % de pertes en un an. Que s’il veut sauver le corps du malade, l’État pourrait être obligé d’accepter cette amputation.
Une chose est sûre : face à cette tempête, le Maroc ne peut se permettre de rester un simple spectateur. Il est appelé à s’adapter à la situation avec de nouveaux cursus de formation, des mesures de facilitation…
Sur le plan continental, une certaine forme de solidarité africaine doit se faire et se refléter, notamment via la ZLECAF pour un échange régional consolidé et un développement économique sans concurrence..