Dans un contexte économique morose empreint d’une hausse très modérée des revenus, le recours à l’endettement est souvent la principale issue pour subvenir à ses besoins. Au cours des dernières années, l’endettement des ménages s’est accru de manière continue jusqu’en 2018.
Les dernières statistiques issues des sociétés de financement relatives au premier trimestre de l’année en cours dont nous avons eu la primeur montrent que l’encours des prêts affectés aux véhicules a atteint 30.324 MDH à fin mars 2019 contre 26. 612 MDH à fin mars 2018, soit une hausse de 13,9 %.
Prêts affectés : Le véhicule premier moteur
L’encours des prêts affectés à l’équipement domestique et autres crédits est passé de 373 MDH à fin mars 2018 à 385 MDH à la même période en 2019, soit une augmentation de 3,21%. Globalement l’encours total des prêts affectés a atteint 30.709 MDH contre 26.985 MDH à fin mars 2018, soit une hausse de 14%. L’examen de l’encours montre que la hausse résulte essentiellement de celle de l’encours des prêts affectés aux véhicules, soit 13,9%
En ce qui concerne les prêts non affectés ( prêts personnels, revolving), l’encours est passé de 21.720 MDH à 22.205 MDH enregistrant une hausse de 2,2 %. Le nombre de dossiers y afférents a baissé de 4,3 à fin mars 2019. Il ressort des chiffres que c’est le revolving qui a tiré vers le haut avec une hausse de 56,4% au cours du premier trimestre 2019.
Le crédit revolving ou renouvelable est une forme de crédit consistant à mettre à disposition d’un emprunteur une somme d’argent réutilisable au fur et à mesure de son remboursement pour financer des achats non prédéfinis. L’emprunteur se trouve ainsi piégé dans un endettement permanent pour faire ses emplettes.
En matière de production nette, les statistiques des sociétés de financement révèlent que la production nette du total des prêts affectés a atteint 3.034 MDH à fin mars 2019 contre 2.571 à la même période de l’année précédente, soit une hausse de 18%. Cette hausse est portée essentiellement par les prêts affectés aux véhicules qui ont bondi de 19%.
La production nette des prêts non affectés a augmenté de 24,9% à 1.255 MDH portée essentiellement par les prêts personnels qui ont affiché une hausse de 25,2 % à 1232 MDH au terme du premier trimestre 2019. Le revolving a affiché une hausse de 12,6% à fin mars 2019.
C’est bien évidement le crédit Auto qui constitue la composante essentielle du passif financier des ménages si on raisonne que ce soit en termes d’encours ou de production nette. La prise en considération des statistiques des banques montre par ailleurs que c’est le crédit habitat qui mène le jeu.
Le logement : une part de 64% des crédits des ménages
Dans le dernier rapport de la supervision bancaire, les chiffres dévoilés par la Banque Centrale montrent que l’endettement des ménages au cours de la période 2013-2017 est passé de 5% en 2013 à 5,1% en 2015 pour passer à 4,4% en 2017. A fin 2017, l’encours de la dette bancaire des ménages s’est établi à 323 Mds de DH.
Au cours de la période 2013-2017, la dette bancaire des ménages a emprunté un trend haussier passant de 269 Mds de DH en 2013 à 323 Mds de DH en 2017. Il s’agit d’une hausse de 4,4% par rapport à 2016. Le niveau d’endettement moyen par ménage s’est établi, à fin décembre, à 41.000 DH contre 40.200 une année auparavant.
En effet pour suivre l’endettement des ménages auprès des établissements de crédits dans ses deux composantes, crédits à l’habitat et à la consommation, le régulateur à savoir la Banque Centrale veille au grain.
Rien qu’en 2017, elle a mené auprès des banques et des sociétés de crédit à la consommation sa 13 ème enquête annuelle ayant porté sur un échantillon de 8 banques et 13 sociétés de crédit à la consommation représentant des parts de marché de près de 94% en termes de prêts à l’habitat et de 100% en termes de crédits à la consommation.
Dans le dernier rapport sur la supervision bancaire, il ressort que le niveau d’endettement moyen par ménage s’est établi à fin décembre 2017, à 41.000 DH contre 40.200 une année auparavant. Les crédits aux ménages continuent à être orientés principalement vers les besoins de financement du logement avec une part oscillant autour de 64%.
Souvent considéré comme une menace susceptible d’altérer la conjoncture économique lorsqu’il est excessif, l’endettement des ménages peut se traduire par des effets favorables sur la dynamique économique.
Sur le plan microéconomique, il est la condition de développement de secteurs essentiels dans la mesure où il permet l’accès de certaines catégories sociales qui ne peuvent accumuler une épargne suffisante. Mais cela n’empêche qu’il faut rester vigilant pour éviter les pires cas de l’asphyxie où le ménage emprunte à tour de bras se trouvant par la suite dans l’incapacité à recouvrer ses dettes.