L’affaire Taghazout Bay suscite des remous. Pour le cas de Sud Partners, il semble que les villas, objet de démolition, auraient été déjà acquises par des particuliers. Précisions.
L’opération de démolition des bâtiments non autorisés au sein de la station balnéaire Taghazout Bay, à quelques mois de son inauguration, a suscité bien plus d’interrogations et d’appréhensions sur la suite des événements. Le dossier est bien plus lourd et complexe pour que ça se limite à une simple opération de démolition. Les Marocains s’impatientent pour voir la loi s’appliquer aux responsables de cette situation kafkaïenne. Nul ne devrait être au-dessus de la loi. C’est ce que ne cessent de répéter nos politiciens, y compris Aziz Akhannouch l’un des responsables dans cette affaire, dans leurs discours et devant le Parlement en s’adressant à la nation.
Aujourd’hui, et après cette décision de SM le Roi d’ouvrir une enquête et d’appliquer des sanctions aux hors-la-loi, le Maroc est face à un exercice démocratique des plus importants qui pourrait rétablir la confiance entre le peuple et le gouvernement ainsi qu’avec les institutions.
Cela pourrait être un exemple de lutte réelle contre le clientélisme, contre l’utilisation du pouvoir à des fins personnelles, contre toute forme de corruption et de rente.
Pour revenir à la sanction infligée par l’Intérieur, plusieurs zones d’ombre entourent cette opération inédite. A commencer par les responsabilités de tout un chacun. Et Dieu seul sait comme elles sont nombreuses. De la dérogation de construction, à l’installation des infrastructures d’eau et d’électricité passant par l’aménagement du terrain aux plans de construction (non-respect du coefficient d’occupation du sol), les dysfonctionnements sont juste innombrables.
Qui a octroyé les dérogations de construction ? Qui a validé le changement de plans ? Comment la RAMSA a-t-elle validé un plan différent que celui signé devant SM ? Quel rôle ont joué les autorités locales, la SAPST, les élus, les actionnaires de la SAPST… pour en arriver là ? Qui est l’autorité en charge de vérifier la conformité des réalisations par rapport au cahier des charges ? Autant de questions qui, valeur aujourd’hui, sont sans réponses.
Nous avons contacté l’ancien directeur de la SAPST, Ahmed Oulahna, à la tête de la société durant 9 ans avant de démissionner en juillet 2019, pour en savoir davantage sur les dessous de cette affaire. Il n’a toutefois pas souhaité faire de commentaire à ce sujet et s’est contenté de rappeler qu’il n’est plus à la SAPST.
On se demande toutefois si l’enquête menée par Zineb El Adaoui, super Wali et inspectrice générale de l’Administration territoriale, toujours en cours, débouchera-t-elle sur des poursuites à l’encontre de ceux qui ont enfreint la loi. En attendant d’y voir plus clair, une décision vient d’être prise par le ministère de l’Intérieur quant aux dérogations dans le bâtiment. Après les CRI, le département de Abdelouafi Laftit vient de sommer les Walis et les gouverneurs à mettre fin auxdites dérogations.
Quid du sort des lésés ?
Le principe constitutionnel de la reddition des comptes a tout le mérite d’être appliqué dans cette affaire. Surtout pour le cas de Sud Partners (consortium mené par Akwa Group) qui en plus de construire 24 villas et des constructions supplémentaires (sous-sol et au-dessous des ailes) non autorisées, l’entreprise aurait même modifié la finalité des bâtiments. Destinés dans un premier lieu à des Ritz, les villas auraient été transformées en résidences. Ce qui n’est pas le cas des 4 villas démolies de Madaef qui elles appartiennent au Hayatt Regency, nous apprend une source sûre.
Il semble que les villas de Sud Partners auraient été vendues à des particuliers pour des sommes entre 10 et 15 MDH. C’est l’information qui nous a été parvenue de la part d’une proche d’une propriétaire. Une information que nous n’avons pas pu confirmer puisque les dirigeants de Sud Partners restent injoignables.
Si c’est le cas, l’entreprise devra rembourser aux acquéreurs en moyenne 300 MDH. Dans le cas où les acquéreurs opteraient pour porter l’affaire devant les tribunaux, l’ardoise risque d’être plus salée. Contacté par nos soins, Maître Abdelkbir Tabih, avocat au Barreau de Casablanca nous a affirmé que s’il s’avère que les villas ont été réellement vendues à des individus, les propriétaires ont tous les droits d’entamer une procédure judiciaire pour demande de dommages et intérêts. Pour l’instant rien ne filtre sur cette opération. Bien que des bruits de couloir retentissent par-ci et par-là, personne n’ose se prononcer sur cette affaire.
Faut-il rappeler que les projets où l’infraction a été relevée se trouvent au niveau de la 2ème partie du projet où il a été question d’octroyer à chaque actionnaire un terrain de 18 hectares chacun. Affaire à suivre !