L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) a dévoilé les résultats de son enquête annuelle de collecte des indicateurs TIC auprès des ménages et des individus au titre de l’année 2018.
Cette enquête révèle d’importantes progressions de l’usage du smartphone dans la société marocaine aussi bien urbaine que rurale. Ainsi parmi les individus équipés en téléphone mobile, 75,7% possèdent un smartphone, soit un total de 22,5 millions d’individus, enregistrant un accroissement de près de 1,2 million sur une année, moins importante qu’en 2017 (Mais sur 7 ans, la croissance annuelle moyenne est de 26%).
Et c’est la catégorie d’âge de 5 à 39 ans qui est la plus équipée en smartphones avec des taux d’équipement allant de 80% à 88%.
L’enquête menée en étroite collaboration avec plusieurs Institutions nationales démontre qu’une grande partie des individus équipés en smartphones utilisent des applications mobiles (94,7%). Cet usage concerne aussi bien les individus résidant en milieu urbain que rural. Les jeunes âgés de 12 à 24 ans utilisent à 97% des applications mobiles.
Pour ce qui relève de l’usage de la téléphonie mobile en 2018, il ressort que la totalité des ménages est équipée en téléphonie mobile (99,8%), tant en milieu urbain que rural. Le nombre moyen des individus équipés en téléphone mobile dans un même ménage ressort à 3,9. Aussi, l’équipement en téléphonie mobile concerne-t-il 92,4% des individus âgés de plus de 5 ans.
Sur un autre registre, l’année 2018 a été marquée par une bonne reprise de l’équipement en téléphonie fixe chez les ménages avec un taux de 21,8%. Cette reprise est observée en milieu urbain. Selon l’enquête, l’accès à Internet demeurerait la motivation principale pour l’équipement des ménages en téléphonie fixe (93%).
Justement l’enquête constate une hausse de l’équipement en ordinateurs et dominance de l’ordinateur portable. En détails ce sont 60,6% (soit près de 4,9 millions) des ménages qui sont équipés en ordinateurs/tablettes (hors smartphone), enregistrant, sur 8 ans, un taux de croissance moyen annuel de 7,5%. Alors que 50% des ménages seraient équipés en ordinateurs portables.
Une hausse de 11,5% est enregistrée dans l’équipement en ordinateurs chez les individus, avec un écart observé selon le milieu et selon le genre. Les jeunes de 9 à 24 ans sont les plus équipés en ordinateurs.
Tout naturellement, cette hausse se conjugue avec un fort engouement pour l’accès à l’Internet mobile chez les ménages. Ainsi, tel que le révèle l’enquête de l’ANRT, l’équipement des ménages en accès Internet s’élève à 74% (soit près de 6 millions de ménages). L’équipement en Internet mobile domine avec sept (7) ménages sur dix (10) qui en sont équipés. Soit, huit ménages sur dix en milieu urbain et six ménages sur dix en milieu rural. Par ailleurs, ce sont le divertissement (réseaux sociaux et jeux) et l’accès aux actualités qui représentent les principaux usages.
Concernant la population de moins de 15 ans, q l’enquête montre que quatre ménages sur dix affirment que leurs enfants âgés de moins de 15 ans utilisent Internet.
73% des parents déclarent contrôler les usages de leurs enfants sur Internet bien que 64% reconnaissent ne pas être outillés pour orienter les usages de leurs enfants de l’Internet. Pour près de six ménages sur dix l’éducation des enfants à l’usage de l’Internet incomberait à l’école. Et deux tiers des ménages estiment que l’Internet aurait un impact positif sur leurs enfants.
Une population de plus en plus connectée et mobile
En 2018, l’ANRT constate un usage intensif de l’Internet en particulier sur smartphone. Ainsi, l’utilisation d’Internet est quotidienne pour trois internautes sur quatre. Près de six internautes sur dix passent plus d’une heure sur Internet. Les réseaux sociaux arrivent toujours en tête des usages, avec 96,4% des internautes qui y accèdent. Et une grande partie de la population estime qu’Internet revêt une importance de 1er ordre dans leur quotidien :
- dans la vie professionnelle : 75% ;
- dans la vie personnelle : 62%.
Aussi, les perceptions et attitudes des internautes vis-à-vis d’Internet sont-elles considérées :
- positives pour « les liens sociaux et les apprentissages » ; et
- négatives en raison des « risques de désinformation, de violence et d’atteinte aux données personnelles ».
L’enquête avance que l’augmentation continue des usages prédispose différents segments et marchés à une adoption aisée de la digitalisation par les individus.
Justement ce sont 20,1 millions d’individus qui participent aux réseaux sociaux, une utilisation est généralisée, indépendamment de l’âge et du genre. Sans surprise, WhatsApp arriverait en tête des réseaux sociaux utilisés.
Par ailleurs, près de huit internautes sur dix utilisent les réseaux sociaux quotidiennement. Les jeunes âgés entre 12 et 24 ans sont ceux qui fréquentent massivement les réseaux sociaux quotidiennement. Près de la moitié des internautes passent plus d’une heure par jour sur les réseaux sociaux.
Le e-commerce a le vent en poupe
Avec la progression de l’usage d’internet et du changement des modes de comportement d’une population de plus en plus connectée, le e-commerce continue sa progression, en augmentant de près de 21,3% entre 2016 et 2018.
Comme le révèle l’enquête de l’ANRT, près d’une personne sur cinq recourt au e-commerce dans le milieu urbain. Près de la moitié des individus ayant effectué des achats en ligne en 2018 l’auraient fait entre deux et cinq fois.
Les vêtements (70% des individus ayant acheté en ligne en 2018) arriveraient en tête des produits achetés sur Internet.
Cet usage intensifié de l’usage d’internet pose la question de la sécurité en ligne. Dans ce sillage, l’enquête montre que trois personnes sur quatre ne mesureraient pas les risques de l’absence de protection sur Internet. De même que l’anti-virus est l’outil de sécurité répandu chez 83% des personnes averties aux risques et menaces sur Internet.
Concernant la protection des données personnelles, il est révélé que près de deux individus sur dix déclarent connaitre l’existence d’une réglementation sur la protection des données personnelles et de la CNDP. La connaissance de cette réglementation a été véhiculée par deux principaux supports : Internet (38,3%) et TV (35%). D’ailleurs, 6% des individus déclarent avoir subi des atteintes liées à leurs données personnelles.
Nouveautés de l’enquête
En complément à l’enquête quantitative auprès des ménages et des individus, une enquête longitudinale sera lancée durant 2019/2020. La 1ère étape de cette étude a consisté en la mise en place, pour la 1ère fois, d’un «panel» dans le secteur, constitué de 2000 individus. Cette enquête sera conduite auprès de ce panel pendant les prochaines années et devrait permettre d’approfondir certains indicateurs et suivre spécifiquement leur évolution annuelle ou celles des pratiques et attitudes des populations concernées. Cette enquête devrait permettre de mettre la lumière sur les changements socio-économiques et technologiques qui peuvent affecter le niveau d’équipement et des usages des TIC.
Par ailleurs, une étude qualitative, basée sur la notion de «Focus Group », sera menée durant 2019 sur la base des résultats de l’enquête 2018. Dix (10) groupes ont été retenus avec la participation des partenaires cités ci-après. L’objectif de cette étude est d’approfondir des points relevés lors de l’enquête et de ressortir les ressentis et les attitudes des participants vis-à-vis des TIC.
Ces Focus Group traiteront chacun d’une thématique précise («Usage», «Impact», «Identité et protection des données personnelles », «audiovisuel», «Paiement électronique ») en adressant une cible (en termes d’âge) préalablement arrêtée.
A noter que la liste des partenaires s’est élargie cette année à Bank Al-Maghrib, à la Commission Nationale de contrôle de la protection des Données à caractère Personnel (CNDP) et à l’Agence de Développement du Digital (ADD), qui rejoignent les autres partenaires associés, pour la 1ère fois, lors de l’enquête au titre de l’année 2017. Il s’agit du Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) et le Haut-Commissariat au Plan (HCP). Cette collaboration, aussi large, a permis d’adresser, dans une même enquête, de nouveaux indicateurs.