Le point avec Lamia Boutaleb, Secrétaire d’Etat au Tourisme sur la situation du tourisme au Maroc suite à la faillite de Thomas Cook. Le ministère semble avoir pris des mesures avec les missions diplomatiques des pays concernés pour mettre en œuvre les fonds de garantie disponibles dans certains pays.
Depuis ce lundi 23 septembre, le secteur du tourisme à l’échelle mondiale a été secoué par la faillite de l’un des plus importants opérateurs touristiques. Une annonce qui a eu l’effet d’un séisme et a tenu en haleine les opérateurs mais également des gouvernements eu égard à l’impact que cette faillite pourrait avoir sur le secteur touristique. Le Maroc, à l’instar des autres pays n’a pas été épargné et a aussitôt constitué une commission de crise pour évaluer la situation et surtout rassurer les opérateurs marocains. Alors, la situation est-elle aussi catastrophique ?
A en croire la tutelle, la situation est gérable. Contactée par nos soins, Lamia Boutaleb, Secrétaire d’Etat au Tourisme affirme que contrairement à d’autres pays notamment la Turquie, la Tunisie et l’Egypte, le Maroc n’est pas aussi touché par la faillite de Thomas Cook. « Certes 40.000 touristes est un chiffre important pour le secteur mais ce volume n’est pas énorme par rapport au nombre de touristes que nous recevons, soit environ 13 millions », précise Lamia Boutaleb.
Comme rappelé par l’ONMT, le contrat reliant le Maroc à Thomas Cook pour l’année 2019 repose sur 105.000 touristes avec un objectif déjà réalisé de 60%. En d’autres termes, le manque à gagner est de l’ordre de 42.000 touristes.
« Le secteur de tourisme va s’en sortir grâce à une Stratégie sous la Vision de SM le Roi qui tend à développer le « point à point » avec les lows costs. Ce qui a été décisif dans la mesure où les habitudes de consommation des touristes ont changé. Aujourd’hui, les touristes arrivent eux-mêmes à packager leur voyage notamment via les plateformes de réserve en ligne », ajoute la Secrétaire d’Etat.
Une diversification de la clientèle grâce à laquelle la tutelle espère absorber cette perte en matière notamment de clientèle britannique qui représente 5% des touristes à Marrakech.
Le ministère s’active donc pour minimiser la casse en travaillant avec 2 ou 3 groupes touristiques qui ont été touchés par cette faillite afin de compenser la perte de clients, nous a affirmé L. Boutaleb.
Interpellé sur l’impact de cette crise sur le secteur et par conséquent sur les Réserves internationales nettes (RIN), le Wali de Bank Al-Maghrib a affirmé qu’il est encore tôt de se prononcer sur d’éventuelles retombées. Il faudra attendre la fin de l’année pour en savoir plus.
La Secrétaire d’Etat au Tourisme pour sa part est catégorique : cette situation ne va pas impacter le secteur qui continuera sur la tendance haussière. En d’autres termes, le secteur ne risque pas de finir l’année en rouge, tient à rassurer Lamia Boutaleb.
Mohammed Sajid, ministre du Tourisme, du Transport Aérien, de l’Artisanat et de l’Economie Sociale, a d’ailleurs effectué ce mercredi 25 septembre une visite de terrain à Marrakech et à Agadir, au cours de laquelle il a rencontré les professionnels du tourisme.
Dans un communiqué, le ministère affirme que le nombre de touristes concernés n’excède pas 1.300 touristes dans les deux destinations susmentionnées.
Mais la question qui s’impose d’emblée : Le ministère n’a-t-il pas vu venir cette crise ? Avons-nous des cellules de veille pour anticiper ce type de chocs notamment pour les principaux clients du secteur comme c’est le cas pour Thomas Cook ?
Interpellée sur cette veille, Lamia Boutaleb a affirmé que lors d’une réunion, tenue pas très longtemps avec le Président de Thomas Cook, l’opérateur avait même dévoilé des projets d’investissement.
« C’est un choc de voir tomber Thomas Cook de cette façon. Toutefois, ce qu’il faut savoir c’est que nous avons préparé le changement des business modèles des Tours opérateurs », précise-t-elle.
Aujourd’hui, ce qui préoccupe le plus les opérateurs ce ne sont pas les 40.000 touristes qui vont manquer à l’appel mais les pertes financières que cette faillite engendrera. Nous n’avons toujours pas d’estimation des pertes causées par cette faillite mais ce qui est sûr c’est que l’ardoise au Maroc se chiffrera à des millions de DH.
Reste à voir comment l’Etat gèrera-t-il cette situation et dans quelle mesure accompagnera-t-il les opérateurs touristiques touchés par ce krach du géant du tourisme ? Qui honorera les dettes envers les hôteliers et les tours opérateurs marocains ?
Une question légitime lorsqu’on constate la réaction de certains hôteliers vis-à-vis des clients de Thomas Cook. A Agadir par exemple, la vidéo d’un militant associatif révèle que certains hôtels auraient bloqué des clients de Thomas Cook les appelant à régler leurs factures de séjour. Ce qui a causé une certaine panique auprès des touristes étrangers. Les dettes de certains hôteliers sont lourdes. On se demande si le gouvernement interviendra pour stopper l’hémorragie et sauver de la faillite certains opérateurs déjà fragilisés par la conjoncture.
A ce propos le communiqué du ministère précise que des contacts ont été entrepris avec les missions diplomatiques des pays concernés, afin d’assurer les vols de retour des touristes, ainsi que des mesures prises pour mettre en œuvre les fonds de garantie disponibles dans certains pays.
Par ailleurs nous apprenons de l’ONMT, qu’à Agadir par exemple, il reste 268 touristes de Thomas Cook qui ne sont pas encore rapatriés.