A toute chose malheur est bon. Les problèmes d’approvisionnement dont souffre le Maroc l’empêchant à mener à bon escient sa campagne de vaccination devraient permettre au Royaume de réfléchir sérieusement à la construction d’un écosystème santé dédié aux maladies infectieuses et épidémiologiques.
La montée en puissance du protectionnisme s’est beaucoup manifestée durant cette crise pandémique et a pris plusieurs formes. Elle était essentiellement palpable dans le domaine de la santé où chaque pays souhaite défendre ses intérêts. Après les masques, les respirateurs… l’heure est au vaccin.
D’ailleurs à l’occasion des réunions du printemps de la Banque Mondiale et du FMI, le ministre de l’Economie et des finances, Mohammed Benchaâboun a saisi l’occasion pour le déploiement davantage d’efforts en vue de permettre aux pays en développement un accès équitable au vaccin. La vaccination du maximum de la population est le principal credo de cette année 2021. Les perspectives de cette sortie de crise en dépendent grandement.
Au Maroc, un pays qui dépend largement de son approvisionnement à l’international pour vacciner sa population, la campagne de vaccination se déroule actuellement sans problèmes. Son déroulement a même été applaudi dans des pays producteurs de vaccins. « Dès le mois de juillet, en effet, le Maroc a noué des partenariats avec les multinationales pharmaceutiques Sinopharm et AstraZenca d’abord en prenant part à leurs essais cliniques, et ensuite en concluant avec eux des contrats fermes portant sur la fourniture de 65 Millions de doses destinées à assurer la vaccination d’au moins 70% des 36 millions de marocains durant une campagne qui devait durer, initialement, 5-6 mois pour être bouclée à la fin de ce premier semestre », rappellent à juste titre les analystes du CMC dans une lettre récente.
Toutefois, à fin mars 2021, le Maroc n’a reçu que 13% des commandes (8,5 Millions de doses sur les 65 millions prévues). Toujours est-il que même en étant contrariée, la campagne de vaccination lancée début février a pu toucher 12% (4,3 millions de personnes) de la population cible permettant au Maroc de truster la première place au niveau africain !
« Pour autant, cette position ne doit pas occulter l’enjeu fondamental qui est de raccourcir au maximum la période de vaccination pour aider l’économie nationale à sortir de cette crise dans les meilleurs délais. Car plus on tarde, plus la facture économique devient exorbitante et le coût social difficilement supportable », explique le CMC
C’est dans ce cadre que le Maroc a décidé de diversifier ses sources d’approvisionnement en nouant des partenariats avec le russe Spoutnik V et l’américain Johnson and Johnson, deux nouveaux vaccins qui viennent d’être agréés par les instances d’accréditation (OMS et Agences de santé, européenne et américaine).
A ce titre, les analystes du CMC s’interrogent s’il n’est pas opportun pour le Maroc de réfléchir à la création d’un écosystème santé dédié aux maladies infectieuses et épidémiologiques en partenariat entre les grands groupes économiques marocains et des multinationales au savoir-faire.
Si tel est le cas, le Maroc aura là une nouvelle opportunité d’élargir les frontières de sa croissance économique tout en consolidant son leadership africain surtout dans la perspective de la concrétisation de la ZLECA.
D’autant que le Maroc a déjà de l’expérience dans les grands projets structurants ! Qui pensait, il y a quelques temps de cela que le Maroc allait devenir un leader mondial en matière des énergies renouvelables ou réussir le pari du train à grande vitesse ? De même, nombreux étaient ceux qui pensaient que l’initiative d’un partenariat gagnant Sud-Sud entre le Maroc et les pays de l’Afrique de l’Ouest était vouée, d’emblée, à l’échec. Plus de dix après sa mise en œuvre, cette stratégie est maintenant objet de toutes les convoitises tant régionales qu’internationales !
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LE SYSTEME DE PASS PAR INTERNET NE FONCTIONNE PAS