Pour accélérer la transition vers un véritable écosystème financier en faveur de l’environnement, Bank Al-Maghrib est à la veille de franchir une nouvelle étape visant à consacrer les bonnes pratiques et à davantage discipliner le marché.
Souvent confiné à une question purement écologique, le réchauffement climatique semble aujourd’hui une priorité, avec toutes les conséquences qu’il induit aussi bien sur les plans écologique, humain, agricole, économique… mais également financier !
Le risque climatique est source de risques financiers susceptibles de constituer des menaces pour la stabilité financière, ce qui met au-devant du front de lutte contre ce phénomène les banques centrales.
C’est dans ce sens que s’inscrivait le propos de Abderrahim Bouazza, Directeur Général de BAM, lors du séminaire international «Greening Africa’s Financial System», qui se tient du 25 au 27 juin à Casablanca.
Il a alerté d’emblée que « Sans maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement entraînerait une baisse de 1% à 3,3% en 2060 et 10% du PIB mondial à horizon 2100, selon une étude de l’OCDE ». Citant le Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat, A. Bouazza alerte que cette baisse est beaucoup plus importante dans le continent africain et se situerait de 2 à 4% d’ici 2040 et culminerait de 10% à 25% d’ici la fin du siècle.
Pour y faire face, cela nécessite des ressources financières importantes. Malheureusement et malgré les promesses faites dans le cadre de l’accord de Paris pour apporter un appui financier à la hauteur de ces engagements, les flux de capitaux bénéficiant au continent africain demeurent faibles et ne représentent en moyenne annuelle que 4,5% des flux globaux, selon la BAD. Aussi, la majeure partie des financements actuels sont destinés à l’atténuation alors que les besoins se font plus criants lorsqu’il s’agit de politique d’adaptation !
De plus conscientes des enjeux et conséquences du changement climatique, les banques centrales sont entrées en jeu pour rectifier le tir et pousser vers un verdissement financier.
A cet effet, le Réseau des Banques Centrales et des Superviseurs pour le verdissement du secteur financier (NGFS) a vu le jour en 2017. Dans son premier rapport, le Réseau relève qu’il est de la responsabilité des banques centrales et des régulateurs de comprendre les changements structurels affectant le système financier et plus largement l’économie pour mener à bien leurs missions fondamentales en matière de stabilité des prix et de stabilité financière. « Il recommande à la communauté des banques centrales et superviseurs d’élargir la surveillance micro-prudentielle et macro-prudentielle pour appréhender ces risques, de prendre en compte les facteurs de durabilité dans leur politique d’investissement et de renforcer les capacités des diverses parties prenantes et leur sensibilisation sur ce sujet », révèle A. Bouazza.
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Bank Al-Maghrib adhère le 18 avril 2018 au NGFS dans l’objectif justement d’accélérer la prise en compte des enjeux climatiques au sein de l’écosystème bancaire et de promouvoir un développement ordonné de la finance verte.
« Je tiens à rappeler que la Banque Centrale a coordonné à l’occasion de la COP 22, qui s’est déroulée à Marrakech en 2016, l’élaboration d’une feuille de route sectorielle visant son alignement aux enjeux du développement durable. Cette démarche a été le fruit de la collaboration de l’ensemble des régulateurs et professionnels du secteur », ajoute A. Bouazza.
Au Maroc, les institutions financières suivent le pas en développant des offres de financements verts, adossée à la garantie de l’Etat et des financements verts destinés aux PME. Directeur Général de Bank Al-Maghrib rappelle également que des émissions d’obligations vertes ont été réalisées par des institutions publiques et privées de même qu’un indice de référence Environnement, Social et Gouvernance (ESG) a été lancé au niveau de la Bourse de Casablanca.
Mais pour accélérer la transition vers un véritable écosystème financier en faveur de l’environnement, A. Bouazza a annoncé que « nous sommes à la veille de franchir une nouvelle étape visant à consacrer les bonnes pratiques et à davantage discipliner le marché à travers une directive réglementaire édictant des principes et des dispositions visant à définir les attentes du régulateur dans ce domaine ».