Dans le discours du Trône, le Roi Mohammed VI a mis l’accent sur l’un des secteurs où le Maroc accuse le plus de retard, à savoir le social. Un secteur vital où les efforts déployés ne sont toujours pas palpables par le citoyen.
« Au cours de deux décennies, les réalisations accomplies par le Maroc et les acquis engrangés en faveur des Marocains, constituent un véritable motif de satisfaction et de fierté. Pourtant, J’ai le sentiment que quelque chose continue à nous faire défaut en matière sociale », extrait du discours.
Manque de convergences, de cohérences, de complémentarités et d’enchevêtrement entre les différents programmes sociaux … sont autant de facteurs qui expliquent cet état de fait.
« En fait, ces programmes empiètent les uns sur les autres, pèchent par manque de cohérence et ne parviennent pas à cibler les catégories effectivement éligibles », précise le Souverain.
Et pourtant, environ 25 Mds de DH sont dépensés dans les différents filets sociaux notamment : Ramed, Massar, bourses des étudiants, fonds de solidarité familiale (divorcées), celui d’aide aux veuves, caisse de Compensation…
Sauf que sur le terrain, ces programmes de soutien et de protection sociale restent insuffisants et ne répondent pas aux attentes pressantes de la population. Force est de constater que plusieurs droits constitutionnels ne sont pas encore acquis. Arracher un droit relève du parcours du combattant. Entre lenteur administrative, corruption, ignorance…, les citoyens ne savent pas à quel saint se vouer pour bénéficier d’un appui, accès à la santé ou encore à l’éducation.
C’est la raison pour laquelle, rappelons-le, le Souverain avait appelé toutes les instances du pays, dans le Discours d’ouverture du Parlement, à revoir le modèle de développement actuel qui a atteint ses limites.
Depuis, le nouveau modèle de développement occupe les débats politiques, économiques et sociaux du pays. L’enjeu est de concilier entre croissance économique et justice sociale.
« A cet égard, Nous estimons que la nouvelle initiative du « Registre Social Unique » (RSU) est un début prometteur, susceptible d’induire un accroissement progressif du rendement des programmes sociaux, à court et à moyen terme », extrait du discours.
Ce système permettra de bien cibler les plus nécessiteux, de garantir une meilleure transparence du système et d’assurer une convergence des différents programmes d’appui sociaux.
Rappelons que le gouvernement, et plus précisément le ministère des Affaires générales et de la gouvernance travaille sur ce système en s’inspirant de l’expérience de l’Inde qui a résolu le problème pour 1,3 milliard de personnes.
Vers une restructuration des programmes d’appui
Le Souverain a également appelé le Gouvernement ainsi que tous les acteurs à entreprendre une restructuration globale et profonde des programmes et politiques nationales d’appui et de protection sociale. Un chantier que le Roi compte suivre de très près eu égard à l’urgence de la situation.
Le Souverain a rappelé 4 priorités pour lesquelles les autorités publiques devront mettre en place des mesures urgentes :
- Première urgence : donner une impulsion vigoureuse aux programmes d’appui à la scolarisation et de lutte contre la déperdition scolaire, à partir de la prochaine rentrée scolaire notamment au Programme « Tayssir », aide financière à la scolarisation, à l’enseignement préscolaire, au transport scolaire, aux cantines scolaires, aux internats ;
- Deuxième urgence : lancer la troisième phase de l’Initiative nationale pour le Développement humain, en consolidant ses acquis et en recentrant ses programmes sur le développement du capital humain, la promotion de la condition des générations montantes, l’appui aux catégories en situation difficile, et en lançant une nouvelle génération d’initiatives génératrices de revenus et d’emplois ;
- Troisième urgence : redresser les anomalies qui entachent l’exécution du Programme de couverture médicale «RAMED», et, parallèlement, refondre en profondeur le système national de santé, qui se caractérise par des inégalités criantes et une faible gestion ;
- Quatrième urgence : œuvrer avec célérité à l’aboutissement du dialogue social.
Aujourd’hui, la balle est dans le camp des politiciens et du gouvernement qui doivent passer à l’action car l’ère des discours est dépassée.