Ecrit par Imane Bouhrara |
Certes le secteur des assurances au Maroc s’est montré résilient face aux effets de la pandémie, mais le choc systémique de la crise, et ses lourdes conséquences économiques, a amorcé un changement lent mais structurel du secteur. Quels enseignements de la Covid-19 ? La réponse avec le mangement de Wafa Assurance.
A l’instar de tous les secteurs d’activité, celui des assurances a subi un choc frontal à cause de la pandémie de la Covid-19, tout en contribuant au fonds spécial Covid, la ristourne sur les contrats d’assurance automobile… des mesures qui se chiffreraient à 1 milliard de DH.
Le plus malheureux dans cette dernière année où le monde a vécu ou survécu, au rythme de la crise, est qu’elle ne sera pas la dernière.
En effet, plusieurs baromètres de risques préviennent de la récurrence des pandémies qui devient parmi le principal risques qui désormais plane sur le monde.
Dans un tel contexte et face à l’émergence de nouveaux risques, le secteur, qui doit en plus d’assurer sa résilience voire sa survie face au choc brutal de la Covid, s’engage sur le chemin d’une transformation dictée par ailleurs par la conscience collective de l’importance de l’assurance face à l’incertain. Notamment en élargissant les couvertures à de nouveaux risques, le cas des pertes d’exploitation dans lesquelles se sont engouffrées les entreprises sous l’effet de la récession ou encore de la cyber-assurance pour accompagner le changement de comportements des clients, notamment le recours massif au télétravail.
La visioconférence de présentation des résultats 2020 de Wafa Assurance, compagnie leader sur le marché marocain mais également l’une des grandes compagnies africaines, a été l’occasion d’échanger avec le management de la compagnie sur cette mutation du moins le débat amorcé par la pandémie et les principaux enseignements qu’il faut en tirer.
« La crise sanitaire a déclenché un débat dans le monde sur l’élargissement des couvertures du risque, notamment les pertes d’exploitation. Cette couverture n’est pas commercialisée au Maroc, sauf quelques rares cas de contrats mutualisés pour de grands groupes mondialisés, comme les constructeurs automobiles ou aéronautique. On suit le débat qui se poursuit actuellement en Europe », explique Ramsès Arroub, le PDG de Wafa Assurance.
Cet élargissement de la famille de produits d’assurance aux pertes d’exploitation pour accompagner les entreprises marocaines dans cette période de disette, relève de l’ACAPS. Le régulateur devant plancher sur quel modèle adopter en se rapprochant des expériences internationales.
Ramsès Arroub planche pour une solution à la Cat Nat avec un caractère obligatoire et mutualiste.
L’un des effets positifs, si l’on peut dire ça comme ça, est la prise de conscience collective de l’importance de l’assurance dans la couverture des risques.
« La crise a permis une prise de conscience plus forte de l’importance de l’assurance, la couverture santé et la prévoyance, pour protéger son activité ou sa famille des aléas qui peuvent survenir. Notre rôle est d’assurer une convergence entre l’offre et la demande, et d’apporter des solutions face à l’émergence de nouveaux risques », explique pour sa part, Driss Maghraoui, le Directeur Général Délégué en charge du Pôle Assurance Vie des particuliers à Wafa Assurance.
La crise a également donné un coup d’accélérateur à la transformation numérique, avec un recours massif au digital pour contourner les contraintes de mobilité mais également pour contenir le risque sanitaire que peut aggraver le présentiel sur les lieux de travail ou les sites de production.
Ainsi, les entreprises ont rapidement adopté leur fonctionnement aux canaux digitaux, notamment le télétravail, pour assurer la continuité d’activité.
Cette évolution fulgurante a accentué les cyber-risques, vu que toutes les entreprises n’ont pas conscience du risque qu’elles encourent lorsqu’elles ne protègent pas comme il se doit leurs installations, systèmes d’information et espaces de stockage.
Si les entreprises sont de plus en plus conscientes de ce risque, les grandes PME allouent jusqu’à 10% du budget SI à la cyber-sécurité, tandis que la majorité des plus petites PME y consacrent moins de 1%. Seule une minorité (13%) déclare connaître le concept de cyber-assurance et ses avantages pour l’entreprise, selon une étude de la SCR.
Ce qui pose le rôle des assureurs pour vulgariser le risque et les solutions proposées pour s’en couvrir.
Dans ce sillage, Ramsès Arroub souligne que sa compagnie suit ce changement dans la vie des entreprises et reste sensible à assurer une couverture à ce risque émergent.
« A travers l’activité prévention de Wafa, nous avons pendant plus de 15 ans couvert et fait de la prévention sur les sites de production principalement contre les risques incendie et inondations ainsi que les accidents de travail. Aujourd’hui nous avons vocation à couvrir ce risque à travers de nouvelles solutions de couverture qui seront bientôt lancées sur le marché », explique-t-il.
La crise sanitaire a apporté dans son sillage de grands défis favorisant une transformation à marche forcée. Aucun secteur n’y échappe, ni aucun pays. Mais elle a également dévoilé de grandes opportunités pour qui saura les saisir.
Résultats annuels 2020 de Wafa Assurance (en MDH)