L’année 2019 se termine dans le rouge avec une baisse de 6,15% contre une croissance de 5,2% en 2018. L’AIVAM joue la carte de la prudence et prévoit une croissance de 5 à 6 % en 2020. Le point avec Adil Bennani, Président de l’AIVAM.
Après une année 2018 bouclée dans le vert avec une croissance de 5,2%, le marché de l’automobile n’est pas parvenu à maintenir le cap. Avec des durées de renouvellement qui se rallongent de plus en plus, les acquéreurs ne se sont pas bousculés au portillon pour l’achat de voitures neuves.
Résultat des courses : le marché a enregistré une contre-performance par rapport à 2018 avec une baisse de 6,15% soit seulement 166.000 véhicules vendus. Et c’est le segment véhicule particulier qui a tiré vers le bas la croissance avec -9,1% par rapport à l’année dernière soit seulement 148.189 véhicules.
Adil Bennani, Président de l’AIVAM, a affirmé, lors de la présentation du bilan 2019 du marché, que ce résultat est dû, d’une part, à la baisse de la confiance des ménages dans une conjoncture assez morose et d’autre part à la fin du programme de renouvellement des taxis. Mais pas seulement il y a également un fait marquant en 2019 celui de la suspension du crédit gratuit.
Rappelons qu’en avril dernier, l’Association Professionnelle des Sociétés de Financement (APSF) avait annoncé la fin du financement à 0% en raison de sa faible rentabilité. Aujourd’hui, le crédit gratuit n’a pas été suspendu mais les conditions ont été revues. « Le financement à 0% a commencé à représenter une part de plus en plus importante dans notre portefeuille de commande et donc dans le marché automobile. C’est pourquoi le coût du crédit gratuit s’est renchéri », nous a précisé Adil Bennani.
Ainsi les conditions de crédit gratuit sont passées d’un apport entre 30% et 40% et d’une durée entre 36 et 45 mois, à une avance de 50% et une durée de 24 mois.
Des conditions qui se sont traduites par un désintéressement pour ce mode de financement dont la part a baissé dans le portefeuille des commandes. Toutefois, cette mesure n’a pas eu d’effet intrinsèque sur la croissance du marché comme le précise le Président de l’AIVAM en affirmant que l’impact dans la baisse ne dépasse pas 1 point.
Quant aux ventes des véhicules utilitaires légers (VUL), elles ont enregistré une performance à deux chiffres soit une hausse de 24.14% comparativement à 2018 avec 17.729 ventes. Cette dynamique est due au bon comportement des secteurs touristiques et du transport du personnel ainsi que l’introduction de mini pick-up dans ce segment, d’après l’AIVAM.
Perspectives 2020 : L’AIVAM joue la carte de la prudence
Avec la tenue du Salon de l’AutoExpo au mois de juin et le retour de la subvention du renouvellement du parc des taxis, l’année 2020 se présente sous de meilleurs auspices. Et pourtant, au moment de fixer les perspectives de développement de 2020, l’AIVAM reste prudente en prévoyant une croissance de 5 à 6%.
Elle ne cesse, toutefois, d’interpeler les pouvoirs publics à jouer le rôle qui leur incombe pour booster le secteur et dynamiser la demande.
D’après Adil Bennani, le gouvernement doit encourager l’équipement des ménages en véhicules par des solutions notamment la prime à la casse des véhicules très âgés. Rappelons que ce programme a permis en moins de 6 ans le renouvellement du parc des taxis non pas sans conséquences sur la consommation du carburant ainsi que la réduction des gaz à effet de serre. L’impact économique et écologique ne sont donc pas à négliger.
Deuxième point sur lequel les pouvoirs publics sont interpellés, c’est la mobilité propre. En effet, bien que le Maroc se soit engagé dans un processus de développement durable, le développement de la mobilité durable reste encore à l’état embryonnaire.
Adil Bennani déplore l’absence d’une stratégie claire pour encourager la vulgarisation de l’utilisation des véhicules électriques mais aussi le déploiement des infrastructures nécessaires.