Le ministre de la Santé Pr. Khalid Ait Taleb s’est prêté, ce lundi 20 janvier, à l’exercice des questions-réponses. Pendant 1H30 il s’est expliqué sur plusieurs sujets qui rongent la population notamment l’approvisionnement en médicaments.
Depuis sa nomination à la tête du ministère de la Santé, le Pr. Khalid Ait Taleb est inaccessible. Il refuse de répondre aux médias. « C’est un technocrate qui préfère plutôt travailler sur le terrain », nous balance son staff au moment de l’interroger sur sa stratégie pour sortir le secteur de ce sable mouvant. On n’en disconvient pas qu’il faut démontrer les résultats de son travail sur le terrain sauf qu’il n’est écrit nulle part que « technocrate » implique faire fi de la presse qui, à son tour, est tenue d’informer l’opinion publique. Les Marocains ont le droit de savoir les engagements des responsables politiques pour pouvoir les juger. Toutefois, en l’absence de l’activation du principe de la reddition des comptes, nous sommes bien loin de cet exercice démocratique.
Heureusement qu’au Parlement les ministres n’ont d’autre choix que de répondre aux questions des députés. Le ministre de la Santé Pr. Khalid Ait Taleb s’est donc prêté, ce lundi 20 janvier, à l’exercice des questions-réponses. Pendant 1H30, il s’est expliqué sur plusieurs sujets qui rongent la population.
Parmi les sujets sur lesquels le ministre a été interpellé, celui de l’approvisionnement en médicaments qui connaît plusieurs dysfonctionnements. Les ruptures de médicaments indispensables à des patients suivis pour des maladies chroniques ont souvent fait et font les choux gras de la presse. Les magistrats de la Cour des comptes n’avaient pas manqué de soulever ces dysfonctionnements dus aussi bien à une mauvaise gestion du stock qu’à la déperdition des deniers publics.
Pr. Khalid Ait Taleb n’a pas nié l’obsolescence de la politique d’achat de médicaments qui ne répond plus aux besoins de la population. « En attendant la politique d’achat de médicament, qui requiert une loi spécifique, le ministère de la Santé a mis en place des mesures provisoires relatives aux conventions de droit commun. C’est ce qui nous permettra, provisoirement, de régler le problème du stock de médicaments », a souligné le ministre.
Rappelons que le décret relatif à l’achat et l’approvisionnement pharmaceutique pose énormément de problèmes et serait à l’origine des contraintes du système d’approvisionnement.
L’acquisition des produits pharmaceutiques se fait par le lancement des appels d’offre conformément aux dispositions du décret n° 2-12-349 du 08 joumada I 1434 (20 mars 2013) relatif aux marchés publics à l’exception des vaccins de l’UNICEF.
Plusieurs voies s’étaient levées pour ne plus considérer le médicament comme étant une prestation ordinaire mais un produit de première nécessité et d’urgence.
Le code des marchés publics est donc inadapté aux spécificités de l’approvisionnement des produits de santé notamment en ce qui concerne la durée de l’exécution des appels d’offre dont le montant dépasse 1,2 MDH (le cas de la majorité des appels d’offre publics). Conséquence : l’exercice trimestriel de l’approvisionnement des médicaments est consommé uniquement dans la préparation des appels d’offre.
Le Chef du gouvernement ainsi que le ministre des Finances ont été saisis pour donner leur avis sur le projet de convention de droit commun. Le ministre a affirmé que Saâdeddine El Otmani a validé la proposition et donné ses directives à la Commission nationale des marchés pour s’inspirer de l’expérience de Fès afin de la mettre en œuvre au niveau central.
Le ministre devrait également se pencher sur la création d’une centrale d’achat. A noter que le Maroc est le seul pays africain à ne pas en disposer. Et pourtant la centrale détient un pouvoir de négociation et de décision non négligeable qui permettrait au Maroc d’outrepasser les problèmes de ruptures de stocks.
Outre le volet réglementaire, le ministre devrait également renforcer les contrôles au niveau de la direction de médicament et de la pharmacie qui était l’objet d’une grande polémique de corruption ayant été à l’origine du limogeage de deux directeurs. S’exprimant sur les raisons du dernier limogeage à savoir celui de Jamal Taoufik, le ministre a souligné qu’il s’agit d’une insubordination. Sauf que l’affaire ne s’arrête pas là. Une enquête est en cours dont les conclusions seront transmises aux autorités concernées pour poursuivre tous ceux ayant commis un délit.
La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : quel rôle joue l’observatoire national de l’approvisionnement en médicaments et produits pharmaceutiques (ONAMPP) pour mettre de l’ordre dans ce secteur vital pour la population ? Le rapport de la Cour des comptes avait toutefois relevé que ledit observatoire ne remplit qu’une seule mission celle de vérification de la disponibilité des médicaments auprès des industriels, grossistes et officines. Là encore, il faut activer ce dispositif qui permet d’harmoniser le secteur. On ce demande aussi où en est le texte de loi pour la création d’une agence du médicament qui devait être soumis aux différents partenaires pour discussions ? Tant que le ministre de la Santé ne se décide pas de s’ouvrir sur les médias, ces questions resteront en suspend.