Les mesures mises en place par BAM dans le cadre de sa politique monétaire expansionniste, visant à stimuler l’activité économique devraient être accompagnées par des plans de relance et de soutien.
Dans une récente analyse, les analystes de CFG Bank se sont penchés sur les effets escomptés des dernières interventions de BAM sur l’activité économique. En guise de rappel, le Conseil de BAM a décidé, à l’issue de la réunion tenue le 16 juin, de procéder à la réduction du taux directeur de 50 points de base à 1,5% et de libérer intégralement le compte de réserves au profit des banques. A travers la politique monétaire, la Banque centrale veille à la stabilité monétaire et financière en fournissant les liquidités nécessaires à la croissance économique tout en garantissant la stabilité de la monnaie. Autrement dit, la quantité de la monnaie disponible dans le circuit économique doit être en adéquation avec la conjoncture et les perspectives de croissance escomptées. « En effet, à un instant donné, si la quantité de monnaie en circulation dans le système est faible le risque est de freiner l’activité et la croissance économique en limitant l’investissement, la consommation, la production etc. A l’inverse, une quantité de monnaie trop abondante crée un déséquilibre entre le pouvoir d’achat des ménages (la demande) et la quantité de biens disponible (l’offre), ce qui peut provoquer une hausse des prix et générer de l’inflation », explique CFG Bank.
A ce titre, les deux mesures prises par BAM le 16 juin interviennent dans un contexte de faibles pressions inflationnistes en lien essentiellement avec :
- Le repli des prix des carburants et lubrifiants. En effet, le prix du Brent devrait s’établir en baisse à 40 dollars en 2020E versus 64 dollars en 2019 ;
- La baisse de la demande des ménages en lien avec l’augmentation du taux de chômage occasionnée par le confinement obligatoire, les mesures de distanciation sociale et la fermeture des commerces et autres lieux de sorties pendant la période de confinement et au-delà ;
- La baisse des transferts des marocains résidents à l’étranger ;
- Le ralentissement de l’investissement.
Le leitmotiv de ces deux politiques monétaires expansionnistes est d’atténuer les effets négatifs de la crise sanitaire sur l’activité économique et pouvoir renouer avec la croissance.
Un taux directeur plus réduit
En ce qui concerne le taux directeur, son faible niveau va influencer la production de crédits, la masse monétaire en circulation et de facto l’activité économique du pays.
La décision de Bank Al Maghrib de baisser le taux directeur pour la deuxième fois cette année (deux baisses consécutives en 2020, dont la première de 25 points de base opérée en mars et la deuxième de 50 points de base en juin) devrait contribuer à baisser le coût des crédits, et inciter les ménages et les entreprises à emprunter pour consommer et investir. Cela, devrait contribuer à relancer l’économie et à générer de la croissance dans le futur.
La baisse du taux directeur devrait également se répercuter sur les taux primaires et secondaires des bons du trésor principalement sur la partie courte de la courbe avec un temps de latence sur la partie moyenne et longue. « Ceci est en ligne avec nos prévisions d’une baisse des taux en 2020E. A cet effet, nous souhaitons noter qu’au 26 juin la partie courte de la courbe des taux a déjà marqué une baisse comprise entre 53 points de base et 78 points de base selon les maturités », tiennent à expliquer les analystes.
Le second volet de la politique monétaire décidée le 16 juin concerne la réserve monétaire obligatoire. Il sied de rappeler que la réserve monétaire obligatoire constitue un pourcentage des dépôts que les banques commerciales doivent conserver de manière permanente auprès de la Banque Centrale.
Les banques dispensées de la réserve obligatoire
En supprimant la réserve monétaire obligatoire, Bank Al-Maghrib injecte indirectement de la liquidité dans le système à travers le circuit bancaire (l’équivalent de 12 Mds de DH) et de facto incite les banques à octroyer plus de crédits ce qui devrait contribuer à mitiger les effets de la crise du Covid-19 et à stimuler la reprise économique au-delà de 2020. Cette mesure devrait avoir pour impact d’augmenter le niveau de production de crédits du secteur bancaire dans son ensemble.
Conscients de l’importance des mesures prises par la Banque Centrale dans un contexte très hostile, les analystes de CFG Bank plaident pour autant d’accompagner la politique monétaire expansionniste par des plans de relance et de soutiens pour préserver certains secteurs sévèrement touchés par la crise et stimuler la création de richesses. Ils prévoient un déficit budgétaire de 80,6 Mds de DH en 2020, soit -7,5% du PIB ( vs – 3,5% en 2019). la croissance future dépendra en grande partie du budget d’investissement de l’Etat prévu dans le cadre de la Loi de Finance Rectificative qui devrait être présentée et votée dans les prochaines semaines. Le Gouvernement ne devrait ainsi pas réduire ses dépenses en 2020E en vue de soutenir la croissance économique future.
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