Entre les banques et les TPME, c’est la méfiance. Au moment où les premières prétendent accompagner sans lésiner sur les moyens le tissu économique dans cette crise sans précédent, les secondes notamment les TPME prétendent le contraire. Pouvons-nous nous fier aux dernières statistiques de BAM ?
Entre les banques et les TPE-PME, c’est le dialogue des sourds. Au moment où les premières annoncent à l’occasion de la publication des résultats trimestriels des chiffres attestant de leur mobilisation en faveur des entreprises, les secondes se disent insatisfaites. Le président de la Fédération des TPME n’y vas pas du dos de la cuillère. D’après ses propos dans une interview accordée à EcoActu. ma, les décisions du CVE n’ont pas beaucoup atteint les TPE-PME et auto-entrepreneurs mais simplement les grandes et moyennes entreprises. Le CVE a certes pris des décisions mais sur le terrain celles-ci se sont heurtées à la réticence des banques comme dans toutes les décisions les concernant et à la négligence de l’Etat. « Non seulement, l’Exécutif nous laisse seules face aux banques mais Bank Al-Maghrib n’a pas non plus pris ses responsabilités comme l’ont fait plusieurs banques centrales africaines pour accompagner leurs TPE-PME », tient-il à rappeler.
Cette frange du tissu économique exhorte les banques à rattraper le retard en jouant le jeu dans la dynamique de relance économique qui passe obligatoirement par celles des TPE-PME. A rappeler que « Damane Relance » sera lancé incessamment.
Il s’agit d’une garantie de l’Etat variant entre 80% et 90% de la taille de l’entreprise. Cette garantie couvre les crédits accordés pour la relance de l’activité des entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 10 millions DH. Lesdits crédits peuvent atteindre 1 mois et demi de chiffre d’affaires pour les entreprises industrielles et un mois de chiffre d’affaires pour les autres. Afin de contribuer à réduire les délais de paiement, 50% du crédit doit servir au règlement des fournisseurs. Ce produit couvre également les grandes entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 500 millions DH. Les entreprises s’attendent également à la reprise du programme « Intelaka ».
En analysant les indicateurs publiés par BAM à fin avril, il ressort que les crédits bancaires ont affiché une légère augmentation, soit 0,4%. Pouvons-nous se fier à ces chiffres et dire que l’impact du covid sur la dynamique bancaire est palpable.
Procéder à une évaluation de l’impact de ces mesures sur la situation financière des entreprises s’avère prématuré, selon les analystes du Centre marocain de conjoncture. En rappelant les mesures mises en place par les banques, ces derniers considèrent qu’il ne faut se fier à la hausse du crédit au cours du mois de mars. « Il faut attendre les données relatives aux trois prochains mois (Avril, Mai et Juin) et la reprise des activités, qui se fera de manière partielle à partir du 2ème semestre 2020 et pleinement en 2021, pour se faire une idée plus précise de l’impact de la pandémie au covid-19 sur la dynamique du financement bancaire en direction des entreprises ». Procéder aujourd’hui à une évaluation serait d’après-eux hasardeux.
Après le confinement, la relance
En effet, telle que présentée à l’occasion de la réunion du CVE, la stratégie de l’État destinée à soutenir l’économie comprend tout un train de mesures financières orientées à gérer aussi bien le confinement que la phase de relance de l’activité économique tout au long du second semestre 2020.
Durant la période du confinement, la CCG agissant pour le compte de l’Etat, a mis en place une « Garantie autoentrepreneurs Covid-19 ». A la faveur de cette mesure, les bénéficiaires se verront accorder l’équivalent de trois mois du chiffre d’affaires pour la couverture des charges nécessaires ne pouvant pas être différées.
Cette facilité est accordée pour une durée de 3 ans dont un an de différé avec un taux d’intérêt de 0% sans aucune sûreté. Pour les autres composantes du secteur productif (TPE, PME et PME de taille intermédiaire), il est prévu un produit financier très avantageux appelé « Damane oxygène ». Gérée, de manière décentralisée par les établissements de crédit en vertu d’une convention signée avec la CCG, cette facilité couvre 95% du montant du crédit et permet ainsi aux banques de mettre en place rapidement des découverts exceptionnels pour financer le besoin en fonds de roulement des entreprises cibles. « Damane oxygène » qui s’ajoute aux lignes déjà existantes, couvre jusqu’à 3 mois de charges courantes liées à l’exploitation (salaires, loyers, achats nécessaires, etc.) et peut aller jusqu’à 20 Millions de DH. A la date du 20 mai, le nombre d’entreprises ayant bénéficié de « Damane oxygène » s’élève à 17 600 entreprises pour un encours de 9,5 milliards DH.
Pour la phase de relance de l’activité, il est prévu de financer le besoin en fonds de roulement des entreprises avec un taux d’intérêt maximum de 4% (soit le taux directeur de Bank Al-Maghrib de 2% +200 points) avec la possibilité de remboursement pouvant s’étaler sur une période de sept ans dont deux ans de délai de grâce.
Ce nouveau dispositif comprend d’une part le crédit « Relance TPE, Commerce et artisans » qui est garanti à hauteur de 95% par l’Etat, d’autre part le produit « Damane Relance » qui est garanti dans des proportions variant entre 80% et 90% et enfin, un dispositif spécifique destiné à la réduction des délais de paiement des entités publiques.
Les mesures ne s’arrêtent pas à ce niveau dans la mesure où les banques ont procédé à un report des échéances de crédit aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers impactés par la crise sanitaire.
Toutefois, dans un objectif de transparence, les banques sont appelées à communiquer davantage et régulièrement sur le nombre, les montants des crédits octroyés, la population des TPME qui en a bénéficié et les secteurs bénéficiaires… C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
Lire également : Report des crédits : le CVE tranche enfin sur les intérêts intercalaires
2 Commentaires
Bravo article intéressant
Bravo c’est intéressant