Interviewé par Imane Bouhrara |
En cette fin d’année 2021, Ahmed Rahhou boucle 9 mois à la tête du Conseil de la Concurrence, depuis sa nomination par le Roi en mars dernier. Une nomination intervenue dans un contexte spécial donnant le « La » à la réforme du cadre général de la concurrence avec un message politique clair porté au plus haut niveau de l’Etat sur une nouvelle perspective pour le Conseil à la faveur du parachèvement de l’Etat de droit et de la démocratie économique au Maroc. Le point avec Ahmed Rahhou, invité de l’émission Hiwar.
La nomination de Ahmed Rahhou, Président du Conseil de la Concurrence, par SM le Roi le 22 mars dernier, marque un tournant dans la vie de l’instance de bonne gouvernance et de régulation de la concurrence au Maroc.
Il faut rappeler que depuis sa création en 2009 pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, le Conseil de la Concurrence est passé par monts et par vaux avant sa réactivation en 2018. La jeune institution faisait de l’advocacy en faveur d’une régulation de la concurrence et la lutte contre la délinquance économique pour instaurer un cadre général de la concurrence nouveau dans le paysage économique marocain mais nécessaire pour accompagner un développement économique qui permet une égalité des chances, une bonne gouvernance et surtout une amélioration de l’environnement des affaires.
Devenu organe constitutionnel (article 166 de la Constitution), doté d’un cadre réglementaire et surtout avec une nouvelle équipe, le Conseil de la Concurrence a été au cœur d’une situation confuse en juillet 2020 suite à l’affaire sur d’éventuelles ententes sur les prix des hydrocarbures au Maroc. Le sujet avait cristallisé l’opinion publique et le Conseil était très attendu.
Sauf que deux notes divergentes émanant du Conseil ont été portées, les 23 et 28 juillet 2020 à l’attention du Roi qui a mis en place d’une commission Ad-hoc chargée de mener les investigations nécessaires à la clarification de la situation.
Sa mission était de s’assurer du respect des lois et des procédures relatives au fonctionnement du Conseil de la Concurrence et au déroulement de l’instance contentieuse et a conclu que le processus de traitement de cette affaire a été émaillé de nombreuses irrégularités de procédure.
Les recommandations de la commission transmises au Chef du Gouvernement ont pour effet de remédier aux imprécisions du cadre légal actuel, renforcer l’impartialité et les capacités de cette institution constitutionnelle et conforter sa vocation d’instance indépendante contribuant au raffermissement de la bonne gouvernance, de l’État de droit dans le monde économique et de la protection du consommateur.
La réforme attendue et dont a été chargée l’exécutif concernera principalement deux textes de lois que sont la loi 104-12 et la loi 20-13, pour y apporter plus de clarification des procédures, renforcer l’indépendance et l’impartialité du Conseil de la Concurrence.
Le communiqué royal est un signal fort puisqu’il souligne que « La démarche ainsi adoptée procède du ferme attachement du Souverain à l’indépendance et au bon fonctionnement des institutions de régulation et de bonne gouvernance ».
Une orientation claire qui constitue la feuille de route du travail de Ahmed Rahhou depuis 9 mois pour le parachèvement du droit et la démocratie économique en matière de concurrence.
L’un des nombreux avantages que présente Ahmed Rahhou, le Président du Conseil de la Concurrence c’est d’avoir bien roulé sa bosse en tant qu’opérateur économique aussi bien dans l’industrie que la banque, sans oublier qu’il a été membre du CESE et a fait une expérience par la diplomatie marocaine avant d’être nommé ce 22 mars 2021.
Son leitmotiv est de veiller au libre jeu de la concurrence et garantir au consommateur final d’avoir la meilleure offre au meilleur prix, comme en témoignent les différents avis du Conseil sur des sujets qui impliquent directement le pouvoir d’achat des citoyens. Joignant l’acte à la parole, les délais de traitement des demandes réduits, la cadence du travail augmentée et les partenariats à même de renforcer la régulation de la concurrence se sont multipliés, en attendant que le chantier de la réforme avance au niveau législatif.
Pédagogue ou gendarme ? Dans cet entretien, Ahmed Rahhou livre son modus operandi et les chantiers majeurs qui rythmeront le travail du Conseil de la Concurrence pour les prochains mois.