Suite à la promulgation de la Loi de Finance 2010 introduisant un régime fiscal plus favorable au développement de logements sociaux, le secteur cimentier est passé par une période d’euphorie en 2011 et 2012 (consommation proche de 16 MT par an), avant de connaitre un réajustement à la baisse vers un niveau de consommation plus normatif.
Les niveaux records de près de 16 MT de consommation de ciment en 2011 et 2012 sont loin derrière. Dans une récente analyse, CFG bank fait une radioscopie du secteur du ciment. Le but étant d’analyser l’évolution des ventes et les perspectives dans un contexte très mouvant.
A titre indicatif, les analystes rappellent que le secteur de la construction résidentielle représente 70% de la consommation totale de ciment au Maroc. Le segment de l’habitat social représente le principal débouché du secteur cimentier. « Suite à la promulgation de la Loi de Finance 2010 introduisant un régime fiscal nettement plus favorable au développement de logements sociaux, la demande nationale de ciment a explosé en 2011 et 2012. En effet, passant de 60 036 unités en 2010 à 96 653 en 2011 puis à 130 938 unités en 2012 (soit plus du double de 2010), la production de logements sociaux s’est envolée, atteignant des records, et a entrainée dans son sillon une importante hausse de la consommation de ciment », tiennent à rappeler les analystes de CFG Bank.
Toutefois après l’euphorie, à partir de 2016, la consommation de ciment a enregistré une baisse durant trois années consécutives, pour franchir à la baisse le seuil des 14 MT. A l’origine de ces baisses, un retard pris dans la formation du gouvernement en 2017 qui s’est poursuivie jusqu’au 5 avril induisant un climat d’incertitude et des retards dans le lancement de certains projets d’investissement, une pluviométrie abondante (au-dessus de la moyenne) en 2017 et 2018, et la poursuite de la baisse des mises en chantiers, un renversement de tendance a été observé en 2019, avec un retour à la croissance de la consommation du ciment (+2,5% sur l’année). Cette progression a été permise par des conditions climatiques favorables ainsi qu’une légère hausse des unités mises en chantier (+3,4%). Ainsi, la consommation de ciment en 2019 s’est établie à 13,6 MT (vs. une moyenne de 14,0 MT sur la période 2013-2019).
Le peu d’élan freiné par la Covid-19
Les deux premiers mois de l’année 2020 ont été marqués par une croissance relativement soutenue de la consommation de ciment (+4,4% YoY à fin février), et ce principalement grâce à un faible niveau de précipitation permettant aux chantiers de continuer sans interruption.
Cependant, la propagation de la pandémie de COVID-19 au Maroc, et notamment la déclaration de l’état d’urgence sanitaire et l’instauration du confinement auront eu raison de ce trend positif. En effet, dès le mois de mars, la croissance de la consommation cumulée de ciment est passée en zone négative, avec une baisse de -7,3% à la fin du premier trimestre. Ainsi, à la fin du mois de mai (dernières statistiques disponibles), la consommation cumulée de ciment s’est établie en baisse de 25,1%. Il convient de noter que le confinement stricte de la population, instauré le 20 mars a pris fin le 24 juin dans la plupart des provinces du Royaume.
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Les pronostics
Les analystes pensent que la consommation nationale de ciment devrait accuser une baisse de 18,2% en 2020E, avec notamment une baisse de 25,6% au premier semestre selon nos estimations (-25,1% à fin mai). En effet, avec une baisse anticipée de 30,0% durant le mois de juin, notamment suite à la fête religieuse « Aid Al Fitr » durant laquelle il est coutume pour les ouvriers de prendre deux semaines de congé, le premier semestre devrait être marqué par une forte baisse.
Il est estimé que la baisse de la consommation de ciment durant le deuxième semestre serait plus limitée (-11,0%), et ce grâce à une légère reprise de la consommation dès juillet. « Nous pensons, par ailleurs, que les investissements publics ne seront pas revus significativement à la baisse, et ce, afin de limiter l’impact de la baisse du PIB en 2020E et sur les années à venir », annonce CFG Bank
Ainsi, impacté par la pandémie de COVID-19, la consommation de ciment atteindrait son plus bas niveau durant ces quinze dernières années, pour s’établir à 11,2 MT. Et d’ajouter : « Selon notre scénario conservateur, la consommation de ciment ne devrait retrouver un niveau proche de 2019 qu’en 2022E ».
Il sied de noter qu’outre la pandémie, la fin des avantages fiscaux au segment de l’immobilier social prévue à fin 2020, devrait avoir un impact significatif sur la consommation du ciment.
Il serait donc souhaitable que le gouvernement annonce de nouvelles incitations afin de soutenir les ménages désireux d’acquérir des logements sociaux, et que dépendamment des mesures annoncées, l’impact sur la consommation en ciment pourrait être plus ou moins important voire même conduire à revoir les prévisions de croissance sur les années à venir.
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