Bien que le secteur du ciment ait clôturé l’année 2019 sur une note positive soit une progression des ventes de ciment de 1,8% après une baisse de 3,7% un an plus tôt, cette performance est à prendre avec des pincettes.
Les analystes de CDG Capital, avaient pourtant tablé sur une légère baisse de 0,5% de la consommation de ciment en 2019, puis sur une stabilité en 2020. Le secteur de ciment a, certes, pu tirer son épingle du jeu mais est-ce vraiment un signe de relance ?
A priori non. Certes le ciment est le principal baromètre du secteur, toutefois sa bonne tenue n’augure pas forcément la relance du secteur du BTP. Un secteur qui rappelons-le est scindé en deux pôles les travaux publics et l’immobilier. Deux pôles dont il faut prendre en considération des indicateurs spécifiques à chaque activité pour établir une évaluation plus complète et plus précise.
D’ailleurs les professionnels de l’immobilier n’ont cessé d’appeler les pouvoirs publics à ne plus se limiter uniquement à cet indicateur pour mieux mesurer l’état de santé du logement. Cela biaise les chiffres réels du secteur qui, par ricochet, biaisent le taux de croissance économique partant de l’adage « quand le bâtiment va tout va ». Quant à l’augmentation des ventes de ciment, elle est plus liée à la branche des travaux publics que de l’immobilier nous explique l’économiste Driss Effina.
« Tous les indicateurs, en l’occurrence les crédits bancaires, montrent qu’il n’y a pas de relance pour la branche construction », a-t-il précisé.
A ce titre et selon les chiffres à fin novembre de BAM, les crédits aux promoteurs immobiliers ont reculé de -23,8% par rapport à la même période de l’année dernière. Il y a de moins en moins de mises en chantier en grande partie en raison du manque de visibilité des promoteurs notamment à cause de l’approche de l’échéance 2020 qui marquera la fin des exonérations fiscales du logement social.
Aujourd’hui encore, les opérateurs n’arrivent toujours pas à voir le bout du tunnel. En effet il faudra attendre les résultats de l’étude sur « Quels programmes de logements après 2020 ? » en cours de réalisation par les experts de la Banque mondiale avant de savoir comment le gouvernement compte-t-il booster le secteur.
En attendant c’est la branche des travaux publics qui tire la croissance du secteur de ciment. Rappelons que le montant des programmes d’investissement annoncés pour l’exercice 2019 s’élève à environ 40 Mds de DH notamment pour : les routes et les autoroutes, les ports et le transport maritime, le transport ferroviaire, le secteur de l’eau, la logistique, le transport et la sécurité routière et enfin les équipements publics dans le cadre de la maîtrise d’ouvrage déléguée.
Mais pas seulement. D’après Driss Effina « il y a un autre créneau pas trop visible et qui n’est pas bien comptabilisé dans l’évaluation celui des travaux de maintenance. Nous avons un plateau de 8 millions d’unités de logements qui sont entretenues en permanence ce qui permet de maintenir le rythme de consommation du ciment ».
Sans oublier, l’auto-construction qui consomme une partie non négligeable de ciment et qui échappe au circuit formel et, par conséquent, elle n’est pas prise en considération dans la comptabilisation des ventes de ciment.