Interviewée par S. Es-Siari |
Dans un contexte très complexe, les Etats font face à un vrai dilemme : laisser le marché fonctionner selon un rythme erratique avec tous les risques éventuels, ou bien trouver un autre modèle de développement.
Au Maroc comme dans d’autres pays, force est de constater que le pessimisme chez les citoyens est grandissant à la suite des difficultés économiques et sociales auxquelles se heurtent les pouvoirs publics. Le phénomène est de plus en plus amplifié avec la succession de crises que nous connaissons depuis 2008. Les finances publiques se trouvent ainsi sous pression et leur mode de gouvernance suscite des inquiétudes.
Les détails avec Marie Christine Esclassan, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbone, SG de FONDAFIP interviewée à l’occasion du Colloque international des Finances publiques tenu les 16 et 17 Décembre à Rabat.
La crise sanitaire de 2020 a par ailleurs incité les gouvernements à revoir leur mode d’intervention pour répondre aux besoins de la population.
La guerre en Ukraine étant une crise géopolitique, où les grandes puissances économiques essaient de redistribuer les cartes internationales, n’est pas non plus sans impact sur l’ordre économique mondial.
Les Etats sont arrivés à bout de souffle suite aux conséquences économiques désastreuses du conflit russo-ukrainien se traduisant parfois par des faillites et fermetures d’entreprises en cascade.
Le phénomène ne s’est en fait qu’amplifier parce que depuis plus de trente ans, les Etats sont confrontés à l’effet ciseaux : des dépenses qui grimpent et des recettes fiscales qui baissent. De l’autre côté, les besoins de la population s’accentuent aussi bien en matière de sécurité, de protection sociale, de santé…
C’est le cas du Maroc qui a introduit à juste titre d’ailleurs le chantier de la protection sociale.
La question qui se pose est comment les Etats vont-ils assurer le maintien des dépenses face à des recettes fiscales qui, dans le meilleur des cas, stagnent. De deux choses l’une; soit augmenter les impôts, un fait qui s’avère de plus en plus difficile pour une foultitude de raisons, soit recourir à l’endettement et prendre en otage l’avenir des générations futures.
C’est pour dire que les Etats font face à un vrai dilemme : laisser le marché fonctionner selon un rythme erratique avec tous les risques éventuels, ou bien trouver un autre modèle de développement. C’est toute la question qui se pose aujourd’hui.
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