Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Le Wali de BAM donne enfin son avis sur la polémique sur les intérêts intercalaires relatifs au report des échéances bancaires. Le ministère des Finances vient de nous affirmer que la part de la prise en charge du secteur bancaire s’élève à 200 MDH.
La rencontre du Wali de Bank Al-Maghrib avec les journalistes à l’issue du Conseil de BAM est souvent l’occasion de revenir sur des questions qui sont restées en suspens. Parmi les sujets sur lesquels Abdellatif Jouahri a été interpellé figure le rôle de « gendarme » de la Banque centrale pour veiller à l’application, par le secteur bancaire, des mesures économiques et financières prises par le Comité de veille économique.
L’absence d’une position claire de BAM dans le flou qui entourait la décision de report des crédits, particulièrement sur l’application des intérêts intercalaires, avait été fortement critiquée.
Rappelons que le report des échéances des crédits bancaires immobiliers et à la consommation pour les entreprises en difficulté ainsi que pour les particuliers qui ont vu leurs revenus baisser et ce jusqu’à fin juin 2020, adopté lors de la 2ème réunion en date du 19 mars, avait suscité l’indignation et surtout l’incompréhension en raison d’une incohérence entre les décisions du CVE et leur application au niveau des banques.
Il a fallu environ deux mois pour que le CVE tranche enfin sur la question des intérêts intercalaires appliqués par les banques pour le report des échéances.
Abdellatif Jouahri s’exprime enfin sur le sujet : « Dans le benchmark que nous avons effectué, aucun pays n’a abandonné les intérêts intercalaires. Le report équivaut le temps et le temps coûte de l’argent. C’est donc normal que le client supporte lesdits intérêts », a souligné le Wali de BAM.
Mais au risque de contredire A. Jouahri, la Banque centrale, le CVE et les banques ont été critiqués pour le manque de transparence et surtout sur le temps qu’il a fallu pour apporter une réponse claire à l’incompréhension de cette mesure.
Cependant vu la conjoncture économique notamment des ménages les plus touchés par la crise, le CVE avait rectifié le tir en décidant que l’Etat et le secteur bancaire prendraient en charge l’intégralité des intérêts intercalaires, générés par le report des échéances des crédits logement et consommation pour les particuliers dont les revenus ont baissé du fait de l’état d’urgence sanitaire et ce pour la période s’étalant de mars à juin 2020. Rappelons que cette mesure est valable pour les personnes ayant des échéances mensuelles de crédit allant jusqu’à 3.000 DH pour les crédits immobiliers et 1.500 DH pour les crédits de consommation, y compris ceux contractés auprès des sociétés de financement.
A ce propos, A. Jouahri a affirmé qu’il a lui-même proposé aux banques de supporter une partie de cette charge. Sauf que là encore les contours de cette prise en charge ne sont pas clairs. Et pour cause, la proportion que devra supporter chacune des parties n’a pas été dévoilée.
Pour en savoir plus sur ce que vont apporter les banques, nous avons contacté le ministère de l’Économie et des Finances qui nous a affirmés que le système bancaire contribuera à hauteur de 200 MDH dans cette opération.
Quant au montant total de l’opération qui sera supporté par l’Etat, il n’est pas encore défini. Il faudra attendre la fin du mois de juin pour faire une évaluation plus exhaustive de cette mesure et du montant qui lui sera alloué. A suivre !