Le Maroc présente un paradoxe : des équilibres macroéconomiques sains et une situation socioéconomique fragile. A quoi sert finalement l’acharnement sur ces équilibres ? Le point avec Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume.
N’est-il pas préférable de vivre avec un rhume que de mourir en bonne santé ?
Cette question mérite d’être posée si l’on diagnostique la situation de l’économie marocaine. Effectivement, le Maroc se targue de l’équilibre de ses indicateurs macroéconomiques, jouit de la bonne appréciation des institutions de Bretton Woods, mais pour quels objectifs ? Bon an mal an, la croissance économique s’accompagne d’une accentuation des inégalités sous toutes les formes (territoriales, spatiales, inégalités liées au genre…).
La situation socioéconomique est ce qu’elle est avec des inégalités sociales trop criardes, avec un difficile accès aux services les plus élémentaires pour les couches défavorisées. Le constat est sans appel !
D’aucuns considèrent que ces inégalités et fragilités sont essentiellement dues à la mondialisation galopante qui profite plus aux riches qu’aux pauvres. Mais cela n’empêche pas de dire que la responsabilité incombe également aux pouvoirs publics. Les finances publiques ne sont-elles pas le ciment ou l’instrument par excellence pour instaurer la paix économique et sociale dans un pays donné ?
« Justement, l’Etat à travers notamment les finances publiques a toujours intervenu comme acteur majeur dans l’instauration de la justice sociale. Aujourd’hui, la donne a complètement changé », explique Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume.
Etant donné l’ampleur des besoins, il agit de plus en plus avec d’autres acteurs tels que les collectivités territoriales, les établissements et entreprises publiques, les entreprises privées, la société civile… « Et pourtant, en dépit des efforts déployés de part et d’autre, les inégalités ne font que s’aggraver », avise N. Bensouda.
Dans un contexte aussi complexe, le rôle de l’Etat fait l’objet de controverse. Les fervents défenseurs de la justice sociale commutative sont contre l’intervention de l’Etat et considèrent que chaque individu reçoit en contrepartie l’effort de son travail.
D’autres, les tenants de la justice sociale distributive privilégient l’intervention de l’Etat en vue de réduire les inégalités, à travers la mise en avant de la collectivité sur l’individu.
« Quel que soit le courant politique, il ne peut y avoir que consensus, du moins au niveau des programmes, sur l’équité sociale, l’amélioration du système d’enseignement et de la qualité de l’enseignement et de la qualité de la santé ou encore sur la protection sociale ou la création d’emplois… », répond le Trésorier général.
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