Maroc-Turquie : le déficit de la balance commerciale annoncé par le côté marocain pour justifier la révision de l’accord de libre échange cache en fait le déficit de Confiance. Si l’on se réfère à BIM, son cas suscite plusieurs interrogations.
L’étincelle
Quand le torchon a commencé à brûler entre le Maroc et la Turquie, pour des raisons que seul Dieu sait, l’enseigne BIM s’est prise dans un coup de torchon. La société créée depuis 2009 est loin de présenter une santé financière forte comme un turc et ne peut en aucun cas faire du Maroc une tête de turc.
BIM : les chiffres ne veulent rien dire !
L’histoire de BIM est vraiment un mystère et boule de gomme. Depuis son implantation sur le territoire national, l’enseigne ne cesse de déclarer des déficits. En effet, son résultat en 2018 était déficitaire de l’ordre de 60 millions de dirhams et en 2017 le déficit était de 106 millions de dirhams. Les pertes cumulées de l’enseigne depuis le démarrage de ses activités se chiffrent à la fin de l’année 2018 à 923 millions de dirhams. Cette situation est imputable aux taux de marge faible appliqués par l’enseigne. Ainsi, le taux de marge affiché au terme de l’exercice 2018 a été de 18,21% alors qu’en 2017 ce taux était seulement de 16,76%. Devant la faiblesse de la marge, incapable d’absorber les autres charges d’exploitation, la perte ne peut donc être esquivée.
Il est incompréhensible que cette entreprise qui a brassé un chiffre d’affaires de l’ordre de 2,25 milliards de dirhams en 2018, contre 2,05 milliards de dirhams en 2017, voit son activité se solder par un déficit alors que dans ce secteur, les concurrents de même taille dégagent une résultat net d’au moins 3% du chiffre d’affaires.
Le soutien inconditionnel
Cette situation qui ne paie pas de mine semble ne pas alerter l’associé unique de l’enseigne en l’occurrence la société BIM BIRLESIK MAGAZALAR. Ce dernier répond toujours présent chaque fois que les capitaux propres présentent des carences suite aux pertes infligées par l’exploitation. Les trois derniers exercices ont été marqués par des apports en renfort d’un montant de 660 millions de dirhams. L’injection de l’argent frais dans une affaire qui coule, du moins comptablement, est une pure folie. Il parait que la stratégie des turcs dans BIM est un peu forte de café.
L’infraction sans peine !
Les chiffres de BIM révèlent l’existence de pratiques de vente aux consommateurs à des prix abusivement bas par rapport aux coûts de commercialisation. en effet, BIM commercialise ses produits à perte. Ces pratiques peuvent conduire à terme à l’élimination des marchés et la création de barrières à l’accès d’un marché par une entreprise ou par un produit. Plusieurs peuvent alors se demander pourquoi les entreprises du secteur ne saisissent pas le Conseil de la Concurrence. La réponse est simple : ABDEL-ILAH BENKIRAN qui a contresigné la loi N°104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence a pris le soin d’exclure les reventes en l’état de l’application des dispositions de l’article 8 de ladite loi N°104-12 : les frères d’abord.
BIM toujours fidèle à la Turquie
Outre ses atteintes au principe de la concurrence loyale, BIM en assurant ses achats essentiellement de la Turquie, fait osciller la balance commerciale du côté du pays des Ottomans. En effet, rien qu’en 2017, sur des achats de l’ordre de 1,64 milliard de dirhams, 1,60 milliards de dirhams ont été effectués depuis l’étranger, soit un taux de 96,25%. Dans l’objectif de protéger l’économie nationale, le ministre qui a fait sa bosse dans les assurances, avec une grande assurance, a exigé de BIM de s’approvisionner localement. En deux temps trois mouvements, ce taux a été ramené à 11%. En effet, et en 2018, sur 2,15 milliards d’achats, seulement 226 millions ont été effectués depuis l’étranger.
Ce n’est pas fini !
C’est de la magie. Fort comme un turc n’est pas répété pour rien. Mais l’accalmie de ces derniers temps peut cacher une enquête en catimini pour mettre à plat ce dossier et vérifier si cette force est réelle ou une simple illusion. Pousser les entreprises marocaines à commercer avec BIM ne semble pas être une bonne idée. Et pour cause BIM n’est pas bon payeur. A croire les chiffres publiés par l’enseigne, les dettes fournisseurs se chiffrent à la fin de l’exercice 2018 à 535 millions de dirhams, soit 24% du chiffre d’affaires. Une bonne partie de ces dettes remontent à des exercices lointains.
Je ne peux m’interdire vers la fin de ce papier de préciser que la société mère de BIM en l’occurrence BIM BIRLESIK MAGAZALAR dispose seulement de deux filiales : Une en Egypte l’autre au Maroc. Est-ce un simple Hasard ?
3 Commentaires
Pourquoi s’acharner uniquement contre BIM ? Pourtant comme ils sont plus appréciés par les consommateurs et même par les fournisseurs. Comparé aux 2 autres acteurs de la grande distribution, ils sont même connus à être des meilleurs payeurs, beaucoup d’entreprises marocaines peuvent en témoigner. Critiquer uniquement BIM et éviter de dire un mot sur les autres qui font moins bien ne convaincra personne ! La grande distribution a besoin de plus d’acteurs au Maroc et l’acharnement contre BIM ne servira qu’à démotiver les futurs éventuels investisseurs étrangers ou marocains.
merci pour cette analyse exhaustive. C’est le papier le plus abouti à ce sujet, à mon sens. merci
Quand on veut abattre son chien, on dit qu’il a la rage…
Les turcs ont un business-model beaucoup plus performant que celui de nos grandes surfaces qui, dans leur position de rente, rejettent toute concurrence…mais les marocains, avec leur bon sens et leur clairvoyance, ont adopté BIM en raison de leurs prix étudiés et de leur proximité.
Aujourd’hui, nos décideurs reprochent à BIM de ne pas marger assez et de leur causer ainsi du tort dans leurs affaires florissantes depuis des lustres au détriment du porte-monnaie des marocains.
Quelle audace ! c’est lamentable….