En errance, affamés, assoiffés, sans abri, étrangers, seuls et sans protection sanitaire contre le Covid-19 : c’est en résumé le triste quotidien des migrants subsahariens au Maroc. Les associations et les initiatives privées ne peuvent à elles-seules nous éviter cette bombe à retardement.
Les migrants subsahariens au Maroc ne font l’objet d’aucune mesure particulière pouvant soulager le drame qu’ils vivent au quotidien sous notre ciel. Déjà en situation de vulnérabilité, ils le sont désormais encore plus aujourd’hui sous l’effet de l’état d’urgence sanitaire prolongé malgré le travail des associations sur le terrain pour leur venir en aide et répondre à leurs besoins les plus élémentaires : eau, nourriture, couverture…
Les acteurs associatifs sur le terrain depuis plus d’un mois décrivent une situation de détresse humanitaire sans précédent : ils ne trouvent rien à se mettre sous la dent, même pas dans les poubelles !
La fermeture des restaurants et des hammams aggrave le quotidien de cette population qui ne peut plus compter sur la générosité de quelques restaurateurs et de quelques propriétaires de hammams, qui leur donnaient des repas ou leur permettaient de se laver.
Les associations elles-mêmes ne disposent pas de toutes les ressources nécessaires pour faire face à cette situation, d’autant que leur travail est devenu plus contraignant sous l’état d’urgence sanitaire.
A Casablanca, ils sont près de 700 personnes assistées par l’instance marocaine pour la justice sociale et les droits de l’homme sans oublier les 150 SDF adultes et mineurs, auxquels l’Instance Marocaine Pour La Justice Sociale et Les Droits De L’homme tente de venir en aide.
La coordinatrice de l’Association dans la région Casablanca, Hasnae Hajib est tiraillée face à la situation actuelle entre migrants subsahariens mais également des personnes qui se retrouvent SDF à cause de l’épidémie et ne trouvent même pas les moyens de rejoindre leurs familles. Pis, cette population est composée de mineurs ce qui pose clairement le problème de leur sécurité corporelle, psychologique sans omettre qu’ils ne trouvent même pas de quoi calmer leur faim.
L’association a déjà alerté en mars dernier sur les conditions de vie de cette population et elle a réitéré son appel aux autorités face à l’amenuisement des ressources pour subvenir aux besoins de ces personnes en extrême détresse. Plus d’un mois plus tard, la situation s’est dégradée davantage.
« Les personnes qui aidaient ces personnes à Derb Soltane-El Fida font elles-mêmes face aux effets économiques de la pandémie, sans oublier que certaines ont peur de choper le virus en aidant les migrants. Pour vous décrire l’extrême détresse, ces migrants ne trouvent rien à manger même en fouinant dans les poubelles ce qui les poussent à se déplacer un peu plus loin de la station d’Ouled Ziane, s’exposant ainsi au risque sanitaire ainsi que les sanctions pour violation de l’état d’urgence puisqu’ils ne disposent pas d’autorisation exceptionnelle de sortie », s’inquiète Hasnae Hajib.
Le risque, en l’absence de réaction de la part des autorités pour héberger ces migrants et les faire bénéficier des mesures sanitaires et humanitaires, est de voir éclater un foyer du Covid au sein de cette population.
Hasnae Hajib s’attriste également de constater que parmi ces migrants, il y a des personnes qui souffrent de maladies organiques sans pouvoir accéder aux soins puisque les unités hospitalières sont mobilisées contre la pandémie.
En attendant des actions concrètes de la part des autorités en faveur des migrants subsahariens, l’Instance Marocaine Pour La Justice Sociale et Les Droits De L’homme reste mobilisée sur le terrain avec les moyens de bord.
Même les migrants régularisés en proie à la précarité
Du côté de Rabat, guère mieux. Le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étranger-e-s et migrant-e-s (GADEM) en témoigne. En effet : même les migrants régularisés sont tombés en situation de précarité comme le souligne Sara en charge des droits des étrangers au sein du GADEM. : « La plupart des migrants travaillent dans l’informel et une majorité s’est retrouvée du jour au lendemain sans revenus pour répondre à ses besoins élémentaires. Ceci a mis sous pression les ressources déjà très limitées des associations pour leur venir en aide aussi bien en termes d’assistance sociale que pour l’aide alimentaire. Malgré cela la solidarité se poursuit suite aux appels d’aide lancés par les associations aussi bien à Rabat, à Tanger… ».
L’autre difficulté relevée est celle d’avoir l’autorisation de sortie, puisque certains de ces migrants ne disposent pas de titres de séjour. Du coup, soit ils restent confinés sans pouvoir travailler encore moins subvenir à leurs besoins soit ils courent le risque de sortir sans autorisation au risque de se faire arrêter ou payer de lourdes amendes.
La pandémie impacte également les différents projets qui visent l’intégration économique des migrants en cherchant à améliorer leur employabilité au Maroc.
Dans ce sens, Gadem a été sollicité par nombre de migrants subsahariens qui ont été expulsés de leurs logements faute d’avoir pu s’acquitter de leurs loyers, mais des fois, juste parce que les propriétaires profitent de l’état d’urgence sanitaire pour les mettre dehors.
Dans ce sens, le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étranger-e-s et migrant-e-s, prévoit, à la fin de l’état d’urgence sanitaire, de lancer un nombre important d’actions en justice contre ces propriétaires qui n’ont pas pris en considération la situation des ces migrants encore moins pour avoir respecté la législation en la matière.
Idem pour la réglementation du travail, puisque certains migrants ont perdu leur emploi. Dans ce sens, GADEM est intervenu pour faire réintégrer un migrant subsaharien dans son poste au sein d’un centre d’appel.
GADEM déplore que ces actes remettent en cause la politique migratoire du Maroc et la volonté du pays de répondre aux besoins et droits fondamentaux de ces migrants, sachant que le pays est tenu par les conventions internationales protégeant les droits de ces personnes.
La situation est pire encore pour les migrants subsahariens qui ont élu domicile dans des forêts ou des zones isolées loin des centres urbains ou encore dans des lieux comme Al Qamra à Rabat qui ne répondent pas aux conditions de confinement sanitaire face à l’épidémie, poursuit Sara Soujjar. Ceci pose un problème aux personnes elles-mêmes mais également un problème de santé publique qui nécessite que les autorités prennent en considération ce risque et agir pour assurer à ces populations un confinement qui protège leur santé au même titre que ce qui est fait pour le reste de la population marocaine.
Les autorités sont également appelées, dans cette conjoncture, de sursoir aux arrestations et déplacements des migrants subsahariens en situation administrative irrégulière vu le risque d’accentuer la vulnérabilité de ces personnes. En effet, le GADEM a appelé à un moratoire pour raison humanitaire pendant toute la durée de l’état d’urgence sanitaire sur l’application de la loi n°02-03 du 11 novembre 2003 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc, à l’émigration et l’immigration irrégulières concernant les dispositions liées au séjour des personnes régulièrement installées sur le territoire marocain.
Malgré les conditions de travail très difficiles et contraignantes et des ressources limitées, les associations demeurent mobilisées auprès de ces migrants pour éviter le pire. Mais jusqu’à quand tiendraient-elles face à cette catastrophe humanitaire qui germe en l’absence de mesures efficaces des autorités publiques en faveur de ces migrants subsahariens ?
4 Commentaires
Vous pensez un peu au marocains qui sont dans la même situation si ce n est pire ?! C est migrant ont encore une solution. Si ils sont affamés, assoiffés et sans abri, le mieux c est qu ils retournent chez eux !
tout a fait d’accord avec vous . le Maroc n’a point les moyens d’accueillir et d’offrir des prestations sociales au migrants . qu’on les laisse partir la ou ils veulent »europe » ou bien les renvoyer chez eux . ici a Rabat on rencontre a chaque ruelle 3 ou 4 sinon plus ….
Je ne suis pas d accord de les renvoyer chez eux vu la situation actuelle dans le monde entier. Pouvez-vous imaginer si l’Europe vient à penser renvoyer tous les migrants et sans papiers surtout les marocains chez eux.souerz humains un chouia. Ce COVID vient nous réveiller et élever notre conscience et notre façon de penser. Cette terre appartient à tout le monde.
Au moins il reste encore des personnes de bon cœur dans ce monde comme vous!!! Posons nous la question a savoir » si tt le monde faisait comme moi cma serait le monde » le monde vit en interdépendance ! Ces migrants sont des humains comme tt le monde et méritent d’être respectés et si ceux qui les critiquent étaient dans la même situation qu’eux vs voyez ce que je veux dire!!!! Bcp de marocains sont dans d’autres pays en situation irrégulière alors soyons humaniste