En cette période exceptionnelle marquée par le Covid-19 coïncidant avec la clôture des comptes et la publication des états de synthèse, des obligations incombent aussi bien aux entreprises en tant que fournisseurs d’informations qu’aux Commissaires aux comptes en tant que garants de la bonne information financière. Les détails avec Amine Baakili, président du Conseil national de l’Ordre des Experts-comptables.
EcoActu.ma : En cette période de pandémie, suivie d’une crise économique devant impacter la santé économique de l’entreprise, quelles sont les obligations qui incombent aux entreprises en matière d’informations sachant que cet évènement est intervenu à la clôture des comptes ?
Amine Baakili : En effet, intervenu entre la date de clôture de l’exercice et celle d’établissement des comptes, cet évènement est qualifié d’événement post clôture, vu qu’il a entrainé dans son sillage, ralentissement de l’activité économique, fermetures d’entreprises, confinement, difficultés financières dont l’impact peut être significatif sur toute l’année 2020.
Cet évènement n’est pas lié à des conditions existantes à la date de clôture, ayant été identifié en janvier et déclaré comme pandémie mondiale par l’OMS bien après. Au Maroc, la crise a commencé à se ressentir avec acuité à partir de mi-mars 2020. Il n’y aura donc pas d’ajustement à opérer sur les états financiers clos au 31 décembre 2019. En revanche, nous estimons que l’impact de la pandémie COVID-19 est limité aux informations à fournir dans l’ETIC (Etat des Informations Complémentaires). A ce titre, l’Ordre des Experts Comptables est en train de préparer une Directive à l’attention de ses membres sur les incidences de cette pandémie sur les missions de commissariat aux comptes. Cette Directive définira les diligences à mettre en œuvre par les commissaires aux comptes et les impacts éventuels sur leurs rapports d’opinion sur les comptes.
Cette période empreinte d’incertitudes peut donner lieu à des évènements pouvant affecter la continuité de l’exploitation, quelles sont les diligences que doit dérouler le Commissaire aux comptes pour identifier ces évènements et pouvoir remplir sa mission d’alerte ?
En effet, cette pandémie pourrait affecter la capacité de certaines entreprises à poursuivre leur exploitation. Notre rôle en tant que CAC est de considérer l’ensemble des impacts existants et anticipés de la pandémie Covid-19 sur les conditions économiques de poursuite de l’activité par l’entité, qui peuvent résulter par exemple des facteurs suivants : déclin significatif du chiffre d’affaires, baisse significative des résultats du fait de coûts plus élevés ou de dépenses non anticipées, difficultés importantes de trésorerie,… La Directive citée auparavant permettra de définir ces diligences et des conséquences lorsque la continuité d’exploitation est compromise irrémédiablement.
Le gouvernement compte déployer d’importantes mesures à la faveur de l’entreprise, quel rôle jouera l’Expert-comptable pour accompagner l’entreprise pour en bénéficier ?
L’expert-comptable pourra jouer un rôle important auprès des entreprises durant cette crise. La première étant d’accompagner les chefs d’entreprises à bien gérer les contraintes de la crise et mettre en place une organisation agile et adaptée pour assurer la continuité de leurs activités dans un contexte de confinement sanitaire. Il peut également les accompagner sur le plan de gestion de la trésorerie à très court terme à travers la préparation de flux de trésorerie hebdomadaires, l’anticipation des déficits de trésorerie et la mise en place de mesures correctives. Enfin, l’expert-comptable pourra aussi assister les entreprises dans l’activation des modalités de recours aux mesures d’urgence mises en place par le gouvernement pour limiter l’impact de cette crise. L’expert-comptable a également un rôle important à jouer lors de la phase post-crise lui permettent d’assister les chefs d’entreprise dans l’évaluation de l’incidence de la crise sur leurs activités, leurs organisations et sur les relations avec les tiers (fournisseurs, banques, Etat) et la mise en place de solutions adaptées permettant d’assurer la continuité de leur exploitation dans un premier temps et puis de revenir graduellement à une phase de développement.
La semaine dernière, l’AMMC a publié un communiqué pour sensibiliser les entreprises faisant appel public à l’épargne sur l’impact des effets de la crise sur leur situation financière. Ne pensez-vous pas que le Conseil national de la comptabilité devrait jouer ce rôle pédagogique pour l’ensemble des entreprises ?
Avant de répondre à cette question, il me parait utile de rappeler les missions du Conseil National de la Comptabilité (CNC) :
- Coordonner et synthétiser les recherches théoriques et méthodologiques de comptabilité ainsi que leurs applications pratiques ;
- Concevoir, élaborer et proposer les normes comptables ;
- Collecter et diffuser toutes informations relatives à la normalisation, l’enseignement et la formation comptables ;
- Recommander toutes mesures susceptibles d’améliorer l’information comptable tant au niveau national qu’au niveau des entreprises.
Ce dernier point est compatible avec le communiqué lancé cette semaine par l’AMMC visant à inciter les sociétés cotées à communiquer normalement, surtout en ces moments de crise. En effet, les sociétés devraient publier toute information importante au sens de l’article 15 de la loi n°44-12, notamment en ce qui concerne les impacts significatifs identifiés en lien avec la situation pandémique.
Le CNC peut émettre, comme à l’accoutumée, un avis pour faciliter aux entreprises la conception d’un tel document.
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Bonjour a tous je suis très ravi d’apprendre ses genres d’information sur votre site. Ainsi, je tiens a vous remerciez malgré la situation actuelle vous êtes entrain d’aider les entreprises ainsi le pays national sur les situations économique et comptable.