Un modèle de développement peut être défini comme un grand puzzle lequel puzzle est constitué de quatre grandes composantes. Ces composantes sont les suivantes : celle économique, celle sociale, celle institutionnelle et celle relative au système de valeurs. Pour réformer ce grand, il serait par conséquent nécessaire de réformer chacune de ses composantes précitées.
Lors des précédents entretiens, l’économiste Omar Bakkou nous a présenté les propositions de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement(CSMD) pour la réforme de la composante économique.
Dans le présent entretien, nous allons interroger Omar Bakkou sur les propositions de la CSMD pour la réforme de la composante sociale.
Vous avez indiqué lors d’un précédent entretien que notre modèle social souffre de plusieurs maux. Pourriez-vous nous les rappeler brièvement ?
Les maux de notre modèle social réside dans le fait qu’une partie importante de la population marocaine se trouve dans une situation d’insécurité économique.
Cette situation est due pour rappel à deux principales catégories de causes.
La première catégorie comprend les causes inhérentes aux dysfonctionnements de la gouvernance du secteur économique.
Alors que le seconde catégorie de causes, elle comprend celles inhérentes aux dysfonctionnements de la gouvernance du secteur social.
Alors quelles sont les propositions du rapport de la CSMD pour réparer ces maux ?
Pour remédier à ces maux, le rapport de la CSMD a émis plusieurs propositions.
Ces propositions peuvent être déduites directement des dysfonctionnements relevés par ledit rapport.
Cela signifie que l’on pourrait différencier à priori ces propositions en deux catégories.
La première catégorie de propositions comprend celles visant à réformer la gouvernance du secteur économique.
Quant à la seconde catégorie de propositions, elle comprend celles visant à réformer la gouvernance du secteur social.
Si on suit votre raisonnement, le NMD propose une double approche pour résoudre la problématique sociale, n’est-ce pas !
Oui effectivement, le rapport sur le NMD a explicitement proposé une double approche pour résoudre la problématique sociale au Maroc .
La première approche est d’ordre économique
Quant à la seconde approche , elle est d’ordre purement social.
Approche économique pour résoudre les problèmes sociaux. Pourriez-vous nous expliquer cela davantage ?
L’approche économique vise à réduire la portion de la population non sécurisée sur le plan économique à cause du manque d’activités économiques.
Cet objectif sera réalisé à travers l’accroissement du volume de l’activité économique.
Cet accroissement sera réalisé par le biais de la mise en œuvre des réformes de notre modèle économique .
Ces réformes permettront ainsi de remédier aux problèmes sociaux liés aux déficiences de notre système économique.
Cette approche est communément connue dans le jargon économique sous concept de « l’inclusion sociale par la croissance économique ».
Ce concept a été en effet repris au niveau du rapport sur le Nouveau Modèle de Développement(NMD) .
Les termes utilisés à ce titre sont les suivants : « le NMD vise à inclure tous les marocains à travers une dynamique de création de richesses qui mobilise toutes les forces vives et qui crée des opportunités d’inclusion pour tous ».
Quid de l’approche sociale ?
L’approche sociale vise à réduire la portion de la population non sécurisée sur le plan économique en raison des dysfonctionnements de la gouvernance du secteur social.
Ces dysfonctionnements sont inhérents pour rappel aux insuffisances relatives d’une part, aux services publics à visée sociale (l’éducation et la santé), et d’autre part, aux mécanismes d’aide sociale déployés par l’Etat.
Les propositions du rapport pour réformer les secteurs de l’éducation et de la santé ont été présentés dans les entretiens précédents. Pourriez-vous nous donner un aperçu sur les propositions du rapport de la CSMD concernant les mécanismes d’aides sociaux déployés par l’Etat.
Les propositions du rapport de la CSMD en matière de mécanismes d’aides sociaux visent à remédier aux insuffisances relevées en matière de protection sociale.
Ces insuffisances, présentées lors de notre précédent entretien sur le diagnostic de notre modèle social, concernent pour rappel deux volets.
Le premier volet concerne la couverture sociale.
Quant au second, il concerne les filets sociaux.
En matière de couverture sociale, le problème essentiel réside dans l’incomplétude des dispositifs mis en place à ce titre .
En effet, les régimes d’assurance maladie et de retraite ne couvrent pas la totalité de la population active.
S’agissant des filets de sécurité sociale, le problème réside dans la quasi-absence de mécanismes susceptibles de garantir un revenu minimum aux personnes sans ressources économiques .
En effet, le projet de mise en place d’un système d’aide directe aux pauvres n’a pas encore vu le jour ,et ce, en raison du retard dans la mise en œuvre du Registre Social Unifié .
Quelles sont alors les propositions émises par le rapport de la CSMD pour améliorer la couverture sociale au Maroc ?
Les propositions émises par le rapport de la CSMD en matière de couverture sociale visent naturellement à remédier aux insuffisances relevées à ce titre citées ci-dessus .
Ces insuffisances consistent pour rappel dans la faible couverture de la population active .
A cet effet, le rapport de la CSMD recommande la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble de la population active.
Cette généralisation requiert d’étendre les régimes de couverture sociale( régimes d’assurance maladie et de retraite) aux travailleurs qui ne bénéficient pas encore de cette couverture.
Ces travailleurs comprennent les salariés du secteur privé non déclarés à la CNSS, les professions libérales, les autoentrepreneurs, les travailleurs domestiques, les commerçants, les artisans, les agriculteurs, etc.
Quid des propositions concernant les filets de sécurité sociaux ?
Les propositions émises en matière de filets de sécurité sociaux visent naturellement à remédier aux défaillances relevées à ce titre citées ci-dessus .
Ces défaillances consistent dans la quasi-absence de mécanismes permettant de garantir un minimum de sécurité économique aux personnes dépourvues de ressources financières.
A cet effet, le rapport de la CSMD recommande deux principaux mécanismes .
Le premier mécanisme consiste dans l’octroi d’aides directes aux pauvres : ciblage des bénéficiaires de programmes sociaux à travers la mise en place du Registre Social Unique.
Quant au second mécanisme, il consiste dans l’extension du régime de couverture médicale aux personnes dépourvues de ressources économiques à travers la consolidation du système RAMED.
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