Ecrit par Imane Bouhrara |
Les membres de la commission exploratoire temporaire sur le secteur bancaire (établissements de crédit et organismes assimilés), tiendront une dernière réunion ce mercredi 3 février, cette fois-ci avec Nezha Hayat présidente de l’AMMC. Au terme de leur travail, ils devront livrer le degré d’engagement des secteurs bancaire et financier dans le respect des orientations royales contenues dans le discours prononcé le 11 octobre 2019 devant le Parlement.
Les députés de la nation livreront bientôt leur appréciation sur le secteur des établissements de crédit et organismes assimilés, après deux mois de réunions menées par la commission exploratoire temporaire.
Pour rappel, l’accord de constituer cette mission exploratoire temporaire a été donné par le Bureau de la Chambre des Représentants le 14 janvier 2020. Du 25 février au 10 mars 2020, les membres de la mission ont établi une liste d’informations et de données qui seront adoptées par la mission exploratoire.
Mais en raison de la pandémie, les réunions avec les principaux acteurs du secteur bancaire n’ont commencé que le 22 décembre, notamment avec le ministre de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration au siège du ministère, avec le DG de la CCG, avec le DG du FEC, avec le Wali de BAM puis encore avec le ministre des Finances, avec le Président du GPBM… et enfin, ce 27 janvier, les membres de la Commission s’étaient réunis avec le DG de l’Office des Changes.
Ce mercredi 3 février, les membres de la mission présidée par Abdellah Bouanou, devront tenir leur dernière réunion avec la Présidente de l’AMMC
À l’issue d’une série de réunions démarrées le 22 décembre 2020, la commission établira son rapport qui fera l’objet d’un débat au sein de la première chambre.
Une mission délicate puisqu’il s’agit pour les membres issus de la Chambre des Représentants de mesurer le degré d’engagement des opérateurs des établissements de crédit et organismes assimilés à respecter et adhérer aux orientations royales contenues dans le discours prononcé par le Roi Mohammed VI le 11 octobre 2019 devant les deux chambres du Parlement.
Des griefs à peine voilés
La problématique de l’accès au financement est souvent citée comme un frein majeur au développement économique du pays. Que ce soit en raison du coût de financement cher avec des taux jugés élevés, des garanties décourageantes…
Dans le discours royal prononcé le vendredi 11 octobre 2019 à l’ouverture de la quatrième année de la présente législature, le Roi Mohammed VI rappelait que les enjeux économiques et développementaux majeurs requièrent une implication unanime, y compris du secteur privé, en particulier sur le plan du financement.
Et le constat fait par la plus haute autorité du Royaume se passe de tout commentaire.
« … certaines catégories de la population, qui le [Secteur bancaire] considèrent comme un organisme ne recherchant qu’un profit immédiat et sans risque, en ont une perception négative. Cette représentation est justifiée par des faits, tels que le difficile accès des jeunes entrepreneurs au crédit, le faible accompagnement des diplômés et des petites et moyennes entreprises lors de leur création.
Je mesure parfaitement combien il est malaisé de faire évoluer certaines mentalités dans le secteur bancaire. Dans le même ordre d’idées, j’ai déjà souligné la nécessité de changer les mentalités au sein de l’Administration, pour mettre fin à des comportements préjudiciables au développement et à l’investissement.
Aussi exhortons-Nous le secteur bancaire national à un engagement plus ferme, à une implication positive plus vigoureuse dans la dynamique de développement que connaît notre pays.
Cet effort doit porter spécifiquement sur le financement de l’investissement, l’appui aux activités productives, pourvoyeuses d’emplois et génératrices de revenus », extrait du Discours Royal du 11 octobre 2019.
Considéré comme la clé de voûte de toute stratégie de développement, le secteur bancaire et financier est incité à s’acquitter de la mission prépondérante qui leur échoit en matière de développement, notamment en simplifiant et facilitant les procédures d’accès au crédit, en s’ouvrant davantage aux autoentrepreneurs, et en finançant les petites et moyennes entreprises. sachant tout l’appui de l’Etat puisque les prêts sont garantis à hauteur de 80% par la CCG.
Dans son discours, le Roi a invité le gouvernement et Bank Al-Maghrib, en coordination avec le groupement professionnel des banques du Maroc, à œuvrer à la mise au point d’un programme spécial d’appui aux jeunes diplômés, de financement des projets d’auto-emploi.
Un plan qui s’articule autour de trois axes majeurs
Premièrement : favoriser l’accès, aux crédits bancaires, du plus grand nombre de jeunes qualifiés, porteurs de projets et issus des différentes catégories sociales, pour leur permettre de s’engager dans l’entreprenariat et de bénéficier des meilleures chances de réussite.
Deuxièmement : soutenir les petites et moyennes entreprises spécialisées dans les activités d’exportation, notamment vers l’Afrique, et leur permettre de capter une partie de la valeur ajoutée générée au profit de l’économie nationale.
Troisièmement : faciliter l’accès aux prestations bancaires et aux opportunités d’insertion professionnelle et économique, à l’ensemble des citoyens, en général et aux travailleurs du secteur informel, en particulier.
Le 27 janvier 2020, le Roi présidait la cérémonie de présentation du “Programme intégré d’appui et de financement des entreprises” et de signature des conventions y afférentes avec la création d’un compte d’Affectation Spéciale doté de 6 Mds de DH.
En février 2020 fût lancé le programme intégré d’appui et de financement des entreprises, Intelaka avec des taux d’intérêt qui sont historiquement les plus bas, à savoir 2% dans le milieu urbain et 1,75% dans le rural. Alors que le Produit Start TPE est à zéro intérêt. De même que les crédits étaient assorti d’un taux de prime maximum de 0,10% hors taxe par an calculé sur le capital restant dû pour les crédits du programme Intelaka. Le rôle des CRI a été revu pour accompagner ce programme.
Mais cette dynamique a été chamboulée par l’avènement de la pandémie du Coronavirus, qui a fait émerger d’autres problèmes impliquant le secteur bancaire, sollicité pour le report des échéances de crédit et pour soutenir les entreprises face aux problèmes de trésorerie, mesures prises par le CVE.
Rapidement, le problème des intérêts intercalaires et des garanties faisait surface créant un niveau de tensions entre établissements de crédit et débiteurs, dans un contexte marqué par une hausse vertigineuse des défaillances et un coût du risque des plus élevés.
En témoignent les résultats de la troisième enquête sur l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises réalisée par le HCP et publiée le 26 janvier. On y apprend que 67,2 % des entreprises n’ont bénéficié d’aucune de ces mesures de financement et 24% d’entre elles estiment que la complexité des procédures constitue la principale raison, suivie du manque d’accompagnement (18%).
Par catégorie, plus d’un quart des TPE citent la complexité des procédures comme un obstacle à l’accès à ces mesures de financement dans ce contexte de crise, contre 20% pour les PME et 12% pour les grandes entreprises.
Le secteur bancaire sera mis à l’épreuve en 2021
Et ce n’est pas fini, le plus gros reste à venir puisque sur les 120 milliards dédiés à la relance, 75 milliards seront sous forme de crédits bancaires pour soutenir la reprise économique après une année 2020 très chaotique.
Là encore, la réussite de ce plan de relance reste conditionnée en partie par l’implication des établissements de crédit et organismes assimilés à soutenir le tissu entrepreneurial, dans un contexte très difficile et étant eux-mêmes tenus par des règles prudentielles strictes.
D’où l’importance du rapport qui sera élaboré par la mission exploratoire temporaire sur le secteur des établissements de crédit et organismes assimilés, qui devra jauger le degré d’engagement du secteur, opérateurs et régulateurs, dans la mise en œuvre des orientations royales mais aussi de souligner là où il faudra rectifier le tir pour ne pas rater la reprise.
Les membres de la mission sont tenus au secret, mais le débat permettra de prendre connaissance des principales conclusions à l’issue de deux mois de travail.
2 Commentaires
Désolé. Les banques n ont rien respecté comme tjr et que chercher profits reste tjr leur suprême considération.
Bonjour, Je ne sais pas si mon commentaire va être lu et pris en compte, mais il relate la façon dont les projets sont traités par les banques et que plutôt que de les favoriser elles les tuent….
En effet, j’ai un projet qui est très important et très intéressant du point de vue de tous les acteurs et connaisseurs auxquels il a été soumis (CRI, CCI, BANQUES, ….)
Mon projet fait partie de la banque de projets du ministère de l’Industrie et il a la particularité de se substituer aux importations d’un produit très très consomme et très important à tous les points de vue.
J’ai commencé l’étude de mon projet et j’ai monté un dossier très complet qui traite toutes les facettes du projet de l’aveu même des acteurs cites plus haut.
Seulement voilà, quand je l’ai soumis à la banque dans le cadre du programme Intilak, ils ont été très enthousiastes et encourageant. Le dossier leur a été soumis. 3 mois plus tard je n’ai toujours pas eu de réponse. J’ai fait intervenir un des organismes publics qui œuvre dans ce domaine pour m’aider à pousser le dossier.
Deux mois plus tard, je reçois un appel de ladite banque m’informant que mon dossier est accepté et que j’ai un accord de principe (oral).
Ils m’ont donc demandé de louer le local ou je vais exercer mon activité, d’immatriculer ma société et de leur fournir l’ensemble des documents administratifs et justificatifs relatifs à la location et à la formation de la société pour débloquer les fonds.
Je me suis exécuté et fourni l’ensemble des éléments demandes.
A ce jour et 3 mois après, les fonds ne sont toujours pas débloqués et on me dit que la CCG continue de demander des éléments sur mon dossier.
Seulement, avec toutes les dépenses déjà engagées, cela fait 4 mois que je paie le loyer d’un local qui ne me sert à rien. Ces sommes (près de 100.000 Dh à ce jour mises dans le loyer d’un local viennent en diminution du budget de mon projet.)
Y a-t-il quelqu’un qui peut m’aider et me dire ce que je dois faire et comment je peux procéder…?
Merci à vous