Ecrit par la Rédaction |
Les dernières précipitations, enregistrées au niveau de certaines régions, qui ont enchanté un bon nombre de Marocains sont-elles suffisantes pour sauver la campagne agricole actuelle ? Malheureusement ce n’est pas le cas et le stress hydrique plane toujours.
Le déficit pluviométrique demeure encore à un niveau élevé et nous avons encore grandement besoin de précipitations pour limiter un tant soit peu la menace du stress hydrique qui pèse comme une épée de Damoclès sur la sécurité alimentaire du pays.
Assurément parce qu’au-delà de son impact immédiat sur les ressources hydriques, cette situation, si elle devait perdurer, ne serait pas exempte d’impact sur l’écosystème agricole et du coup sur la sécurité alimentaire. Les crises se succédant ont bien mis en évidence l’importance d’assurer non seulement la sécurité alimentaire mais également la souveraineté alimentaire. Ces crises ont par ailleurs mis sur la table l’importance de réduire autant que possible les importations des denrées alimentaires creusant au fil des ans le déficit de la balance commerciale.
Aussi, ne faut-il pas perdre du vue que la succession de plus en plus fréquente des années de faible apport en eaux pluviales place le Maroc dans une situation de stress hydrique quasi-permanente avec ses implications directes sur les activités agricoles et la disponibilité, en quantités suffisantes, des produits alimentaires.
Comme en attestent les chiffres : rapportées à la population du pays, les ressources globales en eau se situent actuellement à une moyenne de 700 m3 par habitant et par an contre plus de 3000 m3 par habitant au début des années soixante. Le Maroc se classe ainsi parmi les pays les plus menacés par la pénurie de ressources en eau.
Les projections pour les trois prochaines décennies n’augurent rien de bon et envisagent, dans les hypothèses les plus probables, une pression encore plus forte sur les ressources hydriques sous l’effet de multiples facteurs dont, principalement, la croissance démographique, les transformations des habitudes de consommation, l’accélération du phénomène de l’urbanisation, le changement climatique et l’incidence de facteurs environnementaux et de pollution.
S’agissant des ressources en eau, la perspective d’une situation de stress hydrique quasi-permanent exhorte à la mobilisation des ressources en eau dans le cadre d’une stratégie plus globale visant le développement de l’agriculture et du monde rural.
Quelle menace sur le rural ?
Mais au-delà de la satisfaction de la demande alimentaire interne et externe, l’amélioration du système de production agricole et la recherche d’une plus grande efficacité constitue par ailleurs un vecteur essentiel de création d’emploi et de génération de revenus.
La stratégie de développement rural devrait viser à travers l’amélioration des performances du système productif dans les campagnes, l’accroissement de sa productivité et sa diversification, l’élargissement du bassin d’emploi, générateur de revenu, d’inclusion et de progrès social.
Le développement rural ne peut pas par ailleurs se concevoir sans la préservation des ressources naturelles et la protection de l’environnement. Le processus de dégradation du milieu naturel et la fragilisation des sols peuvent constituer à l’avenir des contraintes majeures pour l’optimisation du potentiel agricole du pays.
Des actions visant la réduction de la pression sur le milieu naturel revêtent même dans certains cas un caractère d’urgence compte tenu de la situation actuelle marquée notamment par la surexploitation des espaces forestiers, la dégradation des terres de pâturage, l’érosion des sols, l’instabilité du climat et la progression de la désertification.
La stratégie de développement rural devrait par conséquent intégrer ces multiples facteurs de risque qui pèsent de plus en plus sur les performances du secteur agricole et sont même dans certains cas à l’origine de la dévitalisation économique de larges espaces dans le monde rural. Afin de revêtir un caractère plus global, cette stratégie devrait aussi intégrer la promotion des activités para-agricoles et même des activités en dehors de l’agriculture, notamment le commerce, la petite industrie, l’artisanat et les services.
La progression démographique mais aussi l’amélioration graduelle du niveau de vie dans les campagnes génèrent une demande sociale de plus en plus importante de biens et de services qu’il convient de rendre disponibles sur les marchés de proximité à travers le développement des systèmes productifs locaux. Ces systèmes constituent en eux-mêmes de nouvelles opportunités d’emplois et de revenus pour les ruraux et contribuent à l’amélioration des niveaux de vie et à la réduction de la pauvreté.
Lire également : Stress hydrique au Maroc : enjeux et limites des eaux non conventionnelles