A quelques jours de la tenue du prochain conseil de BAM, une question est sur toutes lèvres : dans un contexte où c’est la croix et la bannière, une baisse du taux directeur est -elle prévue pour assurer la relance post-Covid19 ?
La découverte des vaccins contre le coronavirus apporte du baume au cœur aussi bien de ceux qui gouvernent que des gouvernés. A quelques intervalles près, ils projettent la reprise à partir du 2ème trimestre 2021. Les plus pessimistes tablent sur le second semestre 2021 voire un peu plus.
Ici au Maroc, M. Benchaâboun ne cache pas son optimisme lié à la vaccination qui sera de bon augure pour l’économie dans ses multiples facettes.
Les opérateurs quant à eux croisent les doigts et craignent foncièrement que 2021 soit plus une année de durcissement de la crise économique qu’une année de reprise.
A j-14 de la dernière réunion du Conseil de la Banque Centrale, la question qui est sur toutes les lèvres aussi bien des analystes que des opérateurs : une nouvelle baisse du taux établi actuellement à 1,5% sera-t-elle envisageable à l’issue du Conseil de BAM ? La relance n’étant toujours pas au rendez-vous. Après les deux baisses successives aux premier et deuxième trimestre 2020 de respectivement 25 points de base (Pb) et 50 Pb, suivie d’une pause au troisième trimestre, une nouvelle baisse au dernier trimestre 2020 ne sera pas de trop. Elle permettra d’atténuer les impacts négatifs de la crise du coronavirus et de soutenir davantage la relance économique.
Lire également : CONSEIL DE BANK AL-MAGHRIB : LE TAUX DIRECTEUR MAINTENU À 1,5 %
La pression sur les finances publiques continue
Dans une récente note intitulée « Trésor, un recours intensifié au marché domestique », les analystes d’Attijari Global Reaserch annoncent qu’une nouvelle baisse du taux directeur n’est pas à écarter. Ils arguent leurs propos par l’incertitude voire même le manque de visibilité qui règne impactant lourdement les finances publiques alimentant les anticipations haussières sur les taux obligataires. Aussi, après l’abaissement des notations souveraines de plusieurs pays émergents, les conditions de financement à l’international s’annoncent moins favorables en 2021. Le Trésor devrait par ailleurs s’orienter davantage vers le marché domestique au moins sur le prochain trimestre.
Ainsi, face à cette nouvelle orientation haussière des taux, une nouvelle baisse du taux directeur de BAM lors de la prochaine réunion est un scénario “à ne pas exclure”, indiquent les analystes notant que l’objectif étant de “soutenir davantage la relance de l’économie marocaine à travers un financement à faible coût”.
Rien qu’au mois d’octobre, le Trésor avait exprimé un besoin de financement de 56,1 Mds de DH. Pour le combler, le Trésor a eu recours entre autres au financement intérieur pour un montant de 42,6 Mds de DH. Le financement intérieur résulte notamment : du recours au marché des adjudications pour un montant net de 44,6 Mds de DH. D’ici la fin de l’année 2020, le besoin de financement grimpera davantage à cause de la pression continue sur les finances publiques. Ce qui devrait orienter à la hausse les niveaux des taux rendement primaires.
Autres motifs de la baisse
La politique monétaire pour le quatrième trimestre devrait tenir compte de deux éléments importants : le premier concerne la forte déstabilisation des sphères économique et financière, sous l’effet du prolongement de l’état d’urgence sanitaire avec toutes les conséquences qui en découlent sur le plan économique et les conditions mondiales moins favorables chez les principaux partenaires commerciaux. Le second est relatif aux exigences de relance post-Covid19.
Pour ce qui est du taux directeur, représentant le coût de refinancement des banques auprès de la Banque centrale, qui conditionne l’évolution du coût de l’argent aussi bien pour le secteur privé que l’État, l’absence de risques inflationnistes d’un côté et les conditions difficiles dans lesquelles devrait évoluer l’économie nationale au cours de la période à venir, de l’autre, pourraient motiver une baisse supplémentaires du taux directeur lors du dernier Conseil de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2020.
Autre élément important à ne pas occulter est que la crise a impacté lourdement les banques. Au terme des neuf premiers mois de l’année 2020, les créances en souffrance ont augmenté de 9,1 Mds de DH à 79 Mds de DH. Le taux de sinistralité s’est établi à 8,4% contre 7,8% à fin 2019. une nouvelle baisse du taux directeur permettra, à travers l’amélioration du coût de leur refinancement, d’abaisser le coût du crédit et par conséquent de faciliter l’accès des ménages et des entreprises. Ce qui pourra amortir la propagation des effets dépressifs de la sècheresse et de la crise sanitaire sur l’activité économique générale, et d’améliorer, par la suite, la capacité globale de résilience de l’économie marocaine.
Lire également : ABDELLATIF JOUAHRI : « IL FAUT DE LA RÉSILIENCE, ARRÊTONS DE JOUER AU SAPEURS POMPIERS »