Ecrit par Imane Bouhrara |
Le projet de loi relatif à l’usage légal du cannabis a fait l’objet d’une première présentation ce 22 avril, par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, en commission au Parlement. La réunion qui se déroulait normalement jusqu’à la fin est-elle annonciatrice d’un niveau round entre le ministre et les députés du PJD ?
Après l’épisode corsé du quotient électoral, un nouveau round entre le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit et les députés du PJD avec le démarrage de la discussion du projet 13.21 relatif à l’usage légal du cannabis.
Un projet de loi qui a provoqué un séisme au sein du PJD entre partisans et détracteurs et qui promet un véritable chassé-croisé entre le ministre et l’équipe de députés du PJD.
Adopté en conseil de gouvernement le 11 mars dernier, a atterri le 31 mars au bureau de la première chambre le 31 mars avant d’être soumis à la Commission de l’intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville, le 19 avril.
Ce jeudi 22 avril 2021 à midi, le ministre a présenté le projet de loi devant la commission pendant une vingtaine de minutes et au moment de lever la séance, le président de la Commission Moulay Hicham Elm’Hajri (PAM) est interrompu par Mustapha Ibrahimi, du groupe parlementaire du parti à la Chambre des représentants.
Le député a interpellé le ministre de l’Intérieur pour solliciter que l’étude réalisée et évoquée dans la présentation du projet de loi sur l’impact de la loi en termes de développement notamment inclusif.
Une atmosphère assez tendue puisque le président de la commission expliquait au député qu’il s’agissait d’une réunion de présentation et non de débat et qu’il fallait mieux attendre la réunion de discussion en commission qui allait démarrer quelques minutes plus tard.
Mais rien n’y fait, le président du groupe parlementaire du PJD a rétorqué qu’aucun débat efficient n’est possible sans avoir tous les éléments de réponse « sauf si vous soulez qu’on vote le projet de manière machinale », lance-t-il au ministre de l’Intérieur, resté stoïque, et au Président de la Commission, qui perdait patience.
M. Ibrahimi a par ailleurs questionné sur le sort réservé à sa requête d’associer des institutions constitutionnelles dans le débat notamment sur les aspects sécuritaires et de développement économique, notamment en saisissant le CESE.
Il faut dire que le PJD a une revanche à prendre sur le ministère de l’Intérieur après le round corsé du quotient électoral. En effet, la session extraordinaire du parlement qui avait démarré le 2 mars a adopté une série de projets de loi en relations avec les élections de 2021, dont la loi 04.21 modifiant et complétant la loi organique N°27.11 relative à la Chambre des Représentants adoptée à la majorité le 12 mars 2021 après des échanges violents entre différentes formations politiques.
Le PJD est allé jusqu’à saisir la Cour constitutionnelle qui valide les articles pointés du doigt par le parti affirmant ainsi la constitutionnalité de la loi.
Un échec pour la formation politique qui se trouve également chahutée par le projet de loi sur l’usage légal du cannabis. En effet dès que le projet de loi a été adopté en conseil de gouvernement le 11 mars 2021, Abdelilah Benkirane, l’ancien secrétaire général du PJD a mis sa menace à exécution en diffusant sur sa page officielle sur Facebook, une lettre dans laquelle il annonçait mettre fin à toute relation avec Otmani, Ramid, Daoudi, Rabbah et Amekraz. Avant de se rétracter quelques jours plus tard.
Le problème pour le parti est qu’une partie de sa base populaire et de ses leaders sont frustrées de voir la Majorité menée par leur parti, abdiquer en approuvant des projets de loi auxquels ses partisans sont hostiles.
A la veille des élections le parti veut se redorer le blason en s’érigeant face au projet de loi sur le cannabis. Un dernier baroud d’honneur pour cette deuxième session de la dernière année législative de ce quinquennat ? En tout, le processus de validation et d’approbation de ce projet de loi sera très suivi puisque c’est sujet en débat dans la société marocaine.
Faut-il souligner qu’avec ce projet de loi qui porte sur la création de tout un écosystème, le Maroc a faut une volte-face spectaculaire. D’un produit prohibé, le Cannabis est en passe de renforcer l’offre exportable du Maroc, et d’attirer des investisseurs et des sociétés de rang mondial pour construire cet écosystème de devenir.
C’est dire que le débat promet d’être houleux mais passionnant.