La présentation du premier panorama des financements climat au Maroc, ce 4 novembre, a été l’occasion de prendre connaissance du gap financier qui se dresse entre le Maroc et la réalisation de ses engagements climatiques. Réalisé par la CDG, il s’impose comme un outil précieux de suivi et de pilotage de la stratégie climat nationale.
Dans le cadre de la réalisation de ses engagements climatiques, le Maroc a investi 111,5 Mds de DH sur la période 2011 et 2018. Les investissements dans le domaine de l’atténuation sont prédominants avec presque 80% du total dont 38% pour les seuls investissements en énergies renouvelables. Les investissements directs et indirects générés par la commande publique atteignent 74% du total réalisé, rappelant le rôle majeur des acteurs publics en la matière.
Les bailleurs de fonds internationaux contribuent pour leur part à hauteur de 43% au financement des investissements climatiques, apprend-on lors de la présentation du premier panorama des financements climat au Maroc ce 4 novembre.
« L’effort global reste toutefois en-deçà de ce qui est requis. A un rythme annuel, notre pays doit investir en moyenne 74 milliards de DH, or jusqu’à présent seuls 14 milliards de DH sont investis. Nous devons tous nous mobiliser pour combler ce gap qui est de 60 milliards de DH », explique Abdellatif Zaghnoun, DG de la Caisse de gestion et de dépôt (CDG) lors du webinaire consacré à la présentation de cette version intermédiaire du Panorama.
Pour rappel, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc a revu à la hausse deux objectifs majeurs : le 1er en faisant passer son engagement de réduction des émissions de Gaz à effet de serre de 32% à 42%. Le 2ème en reconsidérant la part des énergies renouvelables dans la capacité électrique installée en la fixant à 52% au lieu de 42% initialement. D’ailleurs, le Souverain suit de près l’état d’avancement de la réalisation des objectifs de la stratégie des énergies renouvelables.
Dans ce sillage et fidèle à sa mission d’intérêt public, la CDG a pris, à l’occasion de la COP 22 organisée en 2016 au Maroc, quatre engagements en ligne avec les objectifs de l’Etat en matière de lutte contre le changement climatique.
Le 1er engagement énoncé consiste à prendre en compte et de façon systématique les enjeux climatiques dans les orientations stratégiques et décisions de financement de CDG. Un engagement est en cours de mise en place et sa déclinaison nécessite beaucoup du temps.
« Le 2ème engagement s’inscrit dans la volonté de l’Etat de faire montre d’exemplarité. Pour répondre à cet appel de l’Etat, nous avons décidé de lancer une campagne de mesure et de réduction de l’empreinte carbone dans l’ensemble des composantes du groupe avec un objectif de réduction de 20% de la consommation énergétique de nos filiales convaincues que l’énergie est le 1er facteur générateur de gaz à effet de serre. La partie ‘’mesure de l’empreinte carbone’’ a été achevée. La partie ″réduction de la consommation d’énergie’’ qui nécessite la mise en place d’un plan d’action en efficacité énergétique est en cours de réalisation », précise Abdellatif Zaghnoun. L’objectif est de réduire de 20% la consommation énergétique des filiales de CDG.
Le 3ème engagement a trait à l’efficacité énergétique et vise à contribuer aux objectifs du Maroc en la matière à savoir 5% en 2020 et 20% en 2030. « Dans ce cadre, nous avons décidé de créer une société de services énergétiques (ESCO) visant à accompagner les projets d’optimisation du Groupe CDG avant de proposer ses services aux administrations publiques et aux industriels dans une seconde phase. Cette ESCO travaille aujourd’hui sur les premiers bâtiments notamment ceux de notre filiale Ewane Assets qui détient nos actifs dans les zones d’activité de services et industrielles », ajoute le DG de CDG.
A noter que CDG a accompagné la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT) pour la conception d’un programme ambitieux de mise à niveau et de modernisation de l’éclairage public des communes urbaines du Royaume.
Le 4ème engagement a trait à la promotion de l’économie et de la finance climat au Maroc, d’où la réalisation du premier panorama des finances climat au Maroc.
Ce dernier réalisé sous la houlette du Groupe CDG avec le soutien méthodologique du Think Tank français, I4CE, adossé à la Caisse des dépôts française et l’AFD, s’avère ainsi être un précieux outil de suivi et de pilotage de la stratégie climat nationale.
En effet, fruit d’une dure labeur conjointe de CDG et I4CE, il dresse un inventaire des investissements, d’atténuation et d’adaptation, déployés par secteur, leurs sources de financement respectives et fait ressortir les écarts à combler pour atteindre les objectifs finaux. Il aide ainsi les décideurs publics à penser les actions d’ajustement et à mesurer l’ampleur des financements à mobiliser.
En effet, Abdellatif Zaghnoun rappelle que « L’élaboration de cette version nous a amenés à aller à la rencontre de nombreux départements ministériels, entreprises et établissements publics, et opérateurs privés, tous engagés dans des projets climatiques. Ils ont, pour une grande part d’entre eux, accepté de nous fournir toute l’information nécessaire à la réalisation de la 1ère édition du Panorama des financements climat au Maroc ».
Il a d’ailleurs profité de l’occasion pour lancer un appel aux entités publiques et privées qui n’ont pu contribuer à cette version intermédiaire, pour le faire lors de l’édition finale du Panorama. Il a par ailleurs annoncé que pour la version finale du panorama, elle sera prête au cours du premier trimestre de 2021 et couvrira les années 2019 et 2020.
« Nous disposons maintenant d’une équipe marocaine qui va pouvoir entamer ce travail très prochainement. C’est pour cette raison que nous avions demandé à notre partenaire I4CE d’opérer un transfert de savoir méthodologique en faveur de cette équipe », conclut-il.